"Prenez vos cahiers : leçon de vocabulaire. Pour les spécialistes anglophones, X-Men Origins : Wolverine est ce que l'on appelle un « spin-off ». Soit un récit dérivé d'une série, n'en reprenant qu'un personnage : ici, à l'affiche, un seul « X-man », Wolverine, super- héros incarné par Hugh Jackman aux costauds biscottos. Mais ce « spin-off » est en fait un « prequel », soit un récit fondateur précédant les films euh... qui lui succèdent : en l'occurrence, la naissance des X-men, superhéros dont Wolverine, y apprend-on, fut le précurseur, voire le père putatif.
Vous suivez ? Enfin, preuve de notre bilinguisme, pour les spécialistes francophones, X-Men Origins : Wolverine (quel titre !) est ce que l'on appelle une « daube », une « bouse » ou un « navet », suite de combats tonitruants entre personnages a priori immortels (d'où la durée desdits combats). Les Grecs avaient L'lliade, nous avons X-Men : est-ce à cela que l'on mesure la grandeur d'une civilisation ?"
Voilà une critique bien idiote (il y a un argument quelque part dans ce que vous avez lu ?), d'un critique qui a choisi de se faire plaisir en démolissant (bêtement) le film. Allez on va laisser là Aurélien Ferenczi, qui ne mérite toute réflexion faite que notre indifférence, pour se pencher plus sérieusement sur X-Men Origins : Wolverine (quel titre ! hé hé).
Le film nous propose de découvrir le passé d'un des plus vieux membres du groupe de super-héros : Wolverine. Nous découvrons qu'il était encore un enfant au milieu du 19ème siècle (son pouvoir de guérison aidant à vieillir plus lentement), mais surtout qu'il avait un frère, Victor, lui même possèdant des pouvoirs mutants. Les deux frangins bourlinguent et participent à différentes guerres (1ère et 2nde Guerres Mondiales, Vietnam). Et ils finissent par mettre leurs talents au service d'un commando secret dirigé par un certain Striker. Mais Wolverine est agacé par le comportement de plus en plus sadique de son frère, et décide d'abandonner l'équipe. Hélas, Striker et ses hommes n'apprécient pas qu'on leur fausse compagnie, et décident de pourchasser notre héros...
L'objectif de ce film est de retracer le passé de Wolverine, personnage très apprécié outre-Atlantique, et indirectement montrer comment il finit par rejoindre le groupe des X-Men. La tâche est assez réussie, non seulement parce que "Wolvie" est celui qui a le plus de charisme du groupe mais aussi parce que c'est finalement le plus intéressant. Il y a en fait deux personnes en Wolverine : l'homme (civilisé, aimant) et la bête (sanguinaire, violente). Et depuis X-Men, le film de Bryan Singer, Hugh Jackman incarne parfaitement l'ambivalence du personnage : il est Wolverine sans discussion possible.
Pour les amateurs de comics, X-Men Origins : Wolverine permet de voir comment Hollywood adapte au grand écran des personnages plus secondaires du comics. Et là, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne ! Autant Gambit ou la Emma Frost sont assez fidèlement retranscrits, autant d'autres, Deadpool par exemple, n'ont plus rien à voir, à tel point qu'on pourrait parler de trahison du matériel d'origine. Dommage.
Autre souci : les problèmes de raccords entre ce film et X-Men. Qui parmi les néophytes va comprendre que Liev Schreiber (dans Wolverine) et Tyler Mane (dans X-Men) incarnent le même personnage, Victor Creed alias Dent de Sabre ? Pas grand monde, hélas. Qui va comprendre que le personnage William Striker, c'est aussi le vilain qui attaque les X-Men dans X-Men 2 (joué dans ce dernier par Brian Cox) ? Dommage que la production n'ait pas soigné les raccords.
Wolverine fait un peu cheap. C'est sympathique parce qu'on ne s'ennuie pas, parce que tout ne repose pas sur l'action (bien au contraire), mais il manque une bonne louche d'épisme pour qu'on soit séduit. En l'état, X-Men Origins : Wolverine est un agréable divertissement, une bonne série B pour un samedi soir pantouflard.
Dommage, parce qu'il y avait matière à faire mieux. Et... ouf parce qu'on aurait pu avoir bien pire (X-Men 3 par exemple) !