Je l'attendais au tournant, Christopher Nolan !
Non parce qu'après des films comme « Memento » ou « Le Prestige », le réalisateur s'était permis de revisiter avec brio le personnage de Batman avec « Batman Returns » et dans une plus grande mesure « Batman The Dark Knight ». Autant dire qu'après l’énorme succès de ce dernier (et la pluie de billets verts qui s’en suivi), l'homme avait les coudées franches auprès de la production pour bosser sur un projet personnel sans être ennuyé. Et au vu du concept même d’ « Inception », croyez bien que sans ce succès jamais « Inception » n’aurait vu le jour tant il est tordu.
Notre futur proche.
Une nouvelle technologie est apparue : l' « extraction ». Le principe consiste à se brancher sur l'esprit de quelqu'un et d'évoluer dans ses rêves afin de lui soutirer des renseignements : numéro de compte, secrets inavouables, etc. Certaines sociétés se sont spécialisées dans ce genre d’espionnage mental et Cobb (Leonardo di Caprio, impeccable) en est un spécialiste.
Mais Cobb a deux problèmes majeurs : premièrement, il ne peut rentrer aux USA rejoindre ses enfants, car on l'accuse d'avoir tué son épouse. Et deuxième souci : pendant certaines « extractions », Cobb a des visions de son ex-femme qui viennent perturber son boulot, qui nécessitent pourtant une certaine délicatesse (on ne navigue pas dans l’esprit de quelqu’un comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, au risque de gravement déséquilibrer la psyché de la victime).
La dernière mission de Cobb se termine mal : il se retrouve obligé de tenter une extraction, mais d'un genre nouveau : une « inception ». Plus question ici d'aller chercher des infos. Il s'agit d'y implanter une idée, le plus naturellement possible. De faire germer dans les rêves de la victime une idée, sans que cette dernière s’en rende compte, afin que, une fois éveillée, elle ne soupçonne même pas que l’idée lui a été implantée.
Et si Cobb réussit, son commanditaire lui promet qu'il pourra retrouver ses enfants...
Ca vous paraît tordu comme principe ? Attendez de voir le film !
Premier bon point donc, Nolan propose une histoire originale, à notre époque où les blockbusters sont souvent des suites (Toy Story 3, Shreck 4, Twilight 3... rien que ces temps-ci). Si on pense rapidement à « Matrix » ou « Existenz » (avec une plongée dans une autre réalité), le film de Nolan se démarque rapidement de ces deux références. L’intrigue se complexifie et propose de perdre le spectateur : Cobb et son équipe imaginent des rêves imbriqués dans d’autres rêves sur plusieurs niveaux ! Et c’est parti pour un joyeux méli-mélo, où le public est constamment sollicité pour comprendre et s’y retrouver entre les niveaux de rêves.
Dans « Le Prestige » ou « Memento », Nolan adorait jouer avec le spectateur à travers un montage tordu. Dans « Inception », il pousse donc la chose jusqu'à proposer une intrigue dans 4 réalités différentes, chacune avec sa propre temporalité. En effet, le temps s’écoule plus doucement dans les rêves que dans la réalité. Alors, si l’on imbrique des rêves dans d’autres rêves, on peut y passer beaucoup de temps. Mieux : les conditions du sommeil se répercutent dans les rêves. Si vous dormez dans une voiture et qu’elle fait une embardée, dans votre rêve le monde va se mettre à trembler, voire à pencher. Je vous laisse imaginer : pendant le film on se retrouve à repositionner les scènes. Sommes-nous dans la réalité ? Dans un rêve ? Prévoyez l’aspirine !
Vendu comme un film d’action à la « Matrix », « Inception » s’avère bien plus psychologique que violent. Nous assistons en effet à la catharsis de Cobb, et s’il y a bien des scènes un peu animées, c’est loin d’être la grande force du film. Déjà sur « Batman Returns » on sentait que Nolan n’était pas forcément à l’aise sur les grosses scènes d’action, ici encore on sent qu’il fait un effort, mais c’est pas encore ça. Et tant mieux, puisqu’il compense par un scénario haletant (les 2h30 passent à une vitesse folle), qui intrigue de bout en bout, jusqu’à la dernière seconde.
J'en suis sorti enthousiasmé, ravi, heureux, bref un film comme on aimerait en voir plus souvent. « Inception » est un film fin, malin et qui va permettre aux cinéphiles de lancer des discussions sans fin sur le concept de réalité (voir la fin du film !).
Im-man-qua-ble !
////////////SPOILERS//////////////
Attention, ce qui suit révèle pas mal de secrets du film, et donc est réservé à celles et ceux qui ont vu le film !
Voilà mes réflexions sur le principe du film, après un seul visionnage en salle.
La fin du film semble laisser le spectateur en suspens.
Pour ma part, il s'agit d'un leurre. Car la toupie de Cobb n'est pas son totem personnel, c'est celui de son ex-femme (et un totem ne peut appartenir qu'à une personne). Son totem serait plutôt son alliance. Que la toupie tourne infiniment ou pas ne voudra pas dire grand chose.
J'ai plus remarqué la scène d'avant, lorsque Cobb arrive à l'aéroport américain. On pourrait croire que cette scène est dans la suite logique du film, juste après la mission. Sauf qu'il y a un souci. N'avez-vous pas trouvé étrange que tout le monde se retourne sur son passage et sourit à Cobb ? Même Fischer, sensé être la victime de l'opération ? Etrange, non ? De plus, tout le monde lui sourit sans exception.
A mon avis, toute cette histoire est un rêve, destiné à soulager les problèmes de Cobb, notamment son sentiment de culpabilité suite au suicide de son épouse. L'homme souffrait trop et a décidé d'être la cible d'une Inception visant à faire disparaître chez lui le poids de la culpabilité.
L'équipe a créé donc tout un scénario, imbriquant les rêves dans d'autres rêves, afin que tout semble naturel à Cobb. L'homme appelé Fischer est probablement une nouvelle recrue de l'équipe afin que Cobb ne se doute de rien.
Tout le film nous montre les rêves de Cobb, même la scène de fin où il revoit ses enfants.