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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 15:25

sacréJ'aime beaucoup l'auteur de polar Dennis Lehane.

J'avais déjà dit du bien d'Un Dernier Verre avant la guerre, son premier roman. Je ne vous avais pas parlé de Prières pour la pluie, et c'était aussi d'un très bon niveau (et aussi plus sombre, avec une fin très très noire). Alors après avoir fini Sacré cette fois-ci je ne manquerai pas de vous dire tout le bien que j'en pense...

 

Kenzie et Genaro sortent d'une mauvaise passe. Et leur nouvelle aventure ne présage encore rien de bon : ils sont enlevé par Trevor Jones, un vieillard milliardaire sur le point de mourir. Ce dernier veut les embaucher pour retrouver sa fille, Desiree, disparue suite au suicide de son petit ami. Une affaire toute simple à priori, sauf qu'un détective a déjà été embauché et celui-ci a aussi disparu...

 

Dennis Lehane laisse ses héros souffler un peu dans ce troisième volet des aventures de son duo fétiche. L'ambiance y est moins sombre que dans Prières pour la pluie, ne serait-ce parce que l'histoire sedéplace rapidement à Tampa, où la météo est bien plus ensoleillée qu'à Boston. L'intrigue globale est aussi un (tout petit) peu plus légère,mais rassurez-vous Dennis Lehane n'oublie jamais de placer quelques bons cyniques dans la bouche des personnages.

 

Jamais l'histoire ne ralentie, le roman se dévore de bout en bout.Les amateurs de polars seront heureux d'y trouver des stéréotypes du genre, de la femme fatale aux portes-flingues.

 

Lehane apporte enfin une réponse à la tension amoureuse qui régnait entre nos deux héros. On imagine qu'il aura tout le temps de venir modifier ça dans le prochain tome mais l'apaisement fait du bien. On est aussi heureux de retrouver certains personnages secondaires qui apparaissent encore une fois dans l'histoire (sacré Bubba...).

 

Sacré est donc un bon petit polar qui se lit avec plaisir sans jamais révolutionner le genre. Vivement le prochain !

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 17:07

psychose.jpgpar Robert Bloch

traduit par Odette Ferry

 

En 1960, après « La Mort aux trousses », succès critique et public, Alfred Hitchcock cherche un nouveau scénario pour son prochain film. Il est intéressé par le roman "Psychose" de Robert Bloch, après en avoir lu une excellente critique dans le New York Times. Il veut obtenir un script, mais sa demande traîne. Alors il profite de son retour en Angleterre pour acheter le roman à l’aéroport. Il dévore l’histoire d’une traite et à son arrivée à Londres appelle son producteur afin qu’il achète les droits : Alfred Hitchcock a trouvé le sujet de son prochain film.

Reste à convaincre Universal. En effet, la maison de production est assez réticente à voir Hitchcock adapter un obscur roman de gare, alors qu’il a l’habitude de faire travailler ses propres collaborateurs et scénaristes. Hitchcock insiste. Il propose de diminuer son salaire et de tourner avec l’équipe de la série tv « Alfred Hitchcock présente… » (et qui, plus, est en noir et blanc) pour diminuer les coûts. Au final, il obtient l’accord d’Universal qui ne regrettera pas : le film coûtera 800000 dollars et en rapportera plus de 10 millions !

Voilà pour la petite histoire.
Car derrière le chef-d’œuvre d’Hitchcock on oublie souvent qu’il y a donc ce roman écrit par Robert Bloch. Lire Psychose, le roman, c’est finalement regarder dans les coulisses pour mieux comprendre les choix effectués par Hitchcock et surtout en quoi le film s’avère bien plus intéressant que le livre.

Premier constat : l’histoire est la même, à quelques détails près. Les deux plus importants concernent Norman Bates lui-même : si dans le film il est un jeune homme svelte et séduisant, dans le roman c’est un homme gras, peu attirant et porté sur l’alcool. Ce dernier point permet à l’auteur de tromper plus facilement le lecteur puisque cela explique plus facilement comment Norman Bates « oublie » ses transformations en Mère et ses meurtres (la scène de la douche telle que montrée à l’écran n’existe pas dans le roman).

Le principal changement est d’ordre structurel. Dans le film, la célèbre scène de la douche découpe le film en deux parties presqu’égales : la première contient la fuite de Marion Crane et ses déboires au motel, la seconde l’enquête et la résolution de l’affaire. Le roman démarre avec l’arrivée de Marion Crane au motel directement. La scène de la douche intervient donc très rapidement dans le livre. Hitchcock a toujours indiqué qu’il avait développé le rôle de Marion Crane pour Janet Leigh, alors véritable star au cinéma (1958 : « La Soif du mal », rien que ça !).

Là où Hitchcock s’amuse à trimballer le spectateur d’un personnage à l’autre (un coup Norman, un coup le duo Lila/Sam, un coup Arbogast), Robert Bloch choisit clairement Norman Bates comme personnage principal.

La scène de la révélation finale dans la cave souligne le travail d’adaptation d’Hitchcock qui a voulu préserver coûte que coûte certains détails comme le cri poussé par la Mère/Norman : « Je suis Norman Bates ». Ici on comprend clairement que c’est Norman qui pousse ce cri. Dans le film, l’analyse de cette scène dévoile qu’il y a un problème. J’y reviendrai certainement dans un prochain billet.

Le roman de Bloch n’est pas extraordinaire, mais il a une qualité inattendue : il peut se lire sans déplaisir ni ennui même si on connaît le film par cœur.

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 10:55

la maison qui glissaitde Jean-Pierre Andrevon

Tiens, un roman de SF français !? OK, j’exagère un petit peu avec mon ton surpris, puisque nous avons bien quelques auteurs français qui officient dans un genre pourtant en général boudé à la fois par le public et la critique. J’en avais lu plusieurs bonnes critiques et l’accroche de ce roman m’intriguait.

La vie d’une barre HLM de banlieue parisienne est chamboulée par un étrange phénomène : une brume entoure complètement le bâtiment et le coupe littéralement du reste du monde. Il y a Pierre, un professeur fraîchement largué par sa petite amie ; Vicenzini, gendarme reconverti en gardien d’immeuble,  un cinquantenaire libertine, un lycéen délinquant, et tant d’autres... Tous vont devoir s’organiser face à cette situation étrange et dangereuse. Car quelque chose rôde dans la brume...

La première partie du roman rappelle furieusement la nouvelle Brume de Stephen King et le film Fog de John Carpenter. Mais rapidement Jean-Pierre Andrevon fait évoluer l’intrigue vers autre chose qu’une histoire d’horreur avec des bestioles qui chassent les pauvres survivants. Survivants. Voilà LE terme important de ce roman. Andrevon oriente toute son histoire sur l’aspect survie. Comment s’organiser pour résister à cette environnement hostile ? Comment les groupes sociaux vont-ils évoluer ? Comment les personnalités vont-elles se transformer face à la difficulté ?
Heureusement pour le plaisir de lecture, la brume ne va pas cerner bien longtemps l’immeuble et ce que les habitants vont découvrir sera encore plus effrayant...

Plus qu’un roman de SF, La Maison qui glissait nous raconte ses habitants. Andrevon développe une galerie de portraits attachante, mais qui parfois effleure la caricature (Vincenzini, Solange). Heureusement Andrevon réussi toujours à les rendre attachants (autre point commun avec Stephen King).

Le roman est particulièrement agréable à lire : on passe d’un personnage à l’autre au fil des chapitres. Et puis lorsqu’arrivèrent les dernières pages je me suis inquiété de savoir comment Andrevon allait-il finir son histoire. Je n’aime pas la fin du roman, tout simplement et je vais vous expliquer pourquoi ci-dessous. Si vous souhaitez vous garder la surprise ne lisez pas le paragraphe suivant, où je dévoile la fin du roman.

//////// Ne lisez pas ce paragraphe si vous n’avez pas lu ce roman /////////
En général, j’aime bien qu’on me donne une raison du pourquoi des choses. Par exemple, je n’aime pas le film Cube, car jamais on ne nous dit ce qu’est ce foutu Cube alors que moi j’attendais que ça. Dans le roman d’Andrevon, il y a bien une raison qui nous est donnée à la toute fin, mais elle m’a semblé expédiée. L’immeuble et ses habitants sont les victimes d’une entité cosmique un brin taquine qui les a balancé dans un autre espace-temps. OK. Et il vous faudra vous contenter de ça. Point. Rien d’autre. Quid des habitants qui disparaissent au fur et à mesure ? Quid de ces grandes statues dans le désert aux yeux brillants ? Les formes dans la brume ? On aura pas de réponses.
De plus, toute l’histoire est pessimiste et noire : les habitants meurent ou disparaissent ou se suicident peu à peu, l’environnement est de plus en plus hostile, bref ça ne respire pas la joie. Et paf ! Andrevon nous sort de son chapeau une conclusion optimiste : tout est remis à zéro, tout ceci n’a pas existé, les morts ressuscitent et ne se souviennent de rien (ou très peu). La vie continue, nous dit l’auteur.
Mouais. Bof.
J’aurais préféré une fin à la The Thing, avec le pauvre Pierre tout seul dans la tour en ruine, ultime rescapé d’une situation qui le dépasse (et qui pourquoi pas ne nous aurait pas été expliquée, cela ne m’aurait presque pas dérangé, pour le coup).
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Dommage que cette fin vienne quelque peu plomber le plaisir de lecture. Mon conseil : évitez le dernier chapitre, tout simplement.

Donc pour résumer, La Maison qui glissait est un bon roman de SF, bien écrit, prenant, très agréable, mais à la fin décevante.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 07:40

Trone-de-Fer-integrale-j-ai-lu-01b1Par George R.R. Martin
Traduction : Jean Sola


Nos librairies sont envahies depuis des années par de nombreuses sagas d’heroic-fantasy, dont J.R.R. Tolkien (Le Seigneur des Anneaux), Michael Moorcock (la saga d’Elric) et Robert E. Howard (la saga Conan) ont été les précurseurs et surtout les modèles. Avec l’avènement du Seigneur des Anneaux sur grand écran, on trouve donc nombre de romans de ce genre, tous dans le même moule, avec le même genre d’histoire. En gros, la tram classique est la suivante : un jeune homme, souvent de classe modeste, découvre un objet magique/un pouvoir/une arme légendaire ; il croise la route de vaillants guerriers qui se joignent à lui pour l’aider, et ils vont sauver le monde/délivrer la princesse/vaincre le Mal avec un grand M.

Alors j’avais entendu beaucoup de bien du Trône de Fer, comme quoi il se démarquait du lot. Profitant de la réédition en intégrale, je me suis lancé dans l’aventure.

Le monde des sept royaumes est un monde médiéval, très légèrement teinté de magie. Il y a de nombreuse années avant le début du roman, le monde était menacé par un seigneur maléfique, mais un groupe d’aventuriers a réussi à anéantir le malin et fait exiler sa descendance. Puis ils se sont partagé le continent en royaumes, tout simplement.
Le Trône de Fer commence alors que tous ces anciens héros sont rangés : ils sont devenus des seigneurs, l’un d’eux le Roi, et tout ce beau monde vit dans la nostalgie d’un lointain passé légendaire et sous le poids des responsabilités.
Nous suivons les aventures d’Eddard Stark, seigneur du royaume du nord. Après un attentat contre son fils, qu’il suppose fomenté par la famille Lannister, réputée pour sa traîtrise, « Ned » comprend qu’il doit se rendre auprès du Roi Robert, son ancien compagnon d’armes, pour tirer cette histoire au clair. Débute alors une saga de traîtrise et d’alliances…


Malin, George R.R. Martin ! L’auteur évite subtilement les clichés de l’héroic-fantasy en nous proposant une saga familiale plus proche des Rois Maudits que du Seigneur des Anneaux. Ici, pas trop d’action, ni de combats (le premier commence au bout de 300 pages !), mais du complot et de la diplomatie.

George Martin déroule tranquillement son intrigue en prenant bien soin de décrire ses personnages et ils sont nombreux. Si bien qu’au début on se perd parfois entre les personnages secondaires, l’auteur prenant un malin plaisir à nommer le moindre d’entre-eux.
Heureusement, les principaux sont bien campés. Martin utilise une technique simple mais efficace : un chapitre par personnage. Nous en suivons ainsi une demi-douzaine, ce qui permet de s’y attacher progressivement et de mieux comprendre leurs réactions. A noter aussi la variété des personnages principaux : un vieil héros devenu seigneur, une reine discrète mais forte, une fillette aventureuse, sa sœur plutôt « précieuse », un nain bien malin, etc.

L'idée d'utiliser des personnages qui ont déjà un vécu, ce côté "vieux rois usés par le poids des ans et des intrigues de cour" est une des grandes forces de l'histoire, ce qui la rend originale.

Les descriptions sont intéressantes, jamais trop longues, mais Martin prend son temps. Le récit met du temps à se lancer, l’auteur place ses personnages sur l’échiquier, mais en même temps oublie un peu le rythme de son histoire, si bien que par moment on peut être tenté d’abandonner (j’ai eu le temps de lire Psychose de Robert Bloch pendant que je faisais une pause). Dommage car à la fin du premier tome tout s’accélère.
Cette intégrale comprend les 2 premiers romans d’une saga en 12 livres. J’ai terminé le premier, et j’attendrai un peu pour me lancer dans le second (Le Donjon Rouge).

Un mot maintenant sur le gros point noir : la traduction. Rarement j’aurai vu traduction aussi rébarbative ! Jugez plutôt :
Tout d’abord, le terme « direwolf » est traduit par loup-garou, probablement par que le terme « direwolf » ressemble beaucoup à « werewolf ». Un direwolf est tout simplement une race de grands loups. Dans l’une des premières scènes, une grosse louve met ainsi selon le traducteur au monde des … loup-garous !? Je n’ose imaginer la confusion que cela peut créer dans l’esprit des lecteurs qui n’auront pas été chercher le renseignement sur le net.
Dans le même genre, le terme « kraken » est traduit par … « seiche » ! Beaucoup moins mythique, n’est-ce pas ?
Pire, certains passages passent d’un niveau de langage à un autre très rapidement, ou bien les descriptions sont parfois si ampoulées qu’il m’a fallu relire certaines phrases pour les comprendre, ou bien vérifier que la syntaxe était correcte. Consternant ! Ici la traduction joue contre le lecteur et c'est bien dommage !

La traductrice s’est exprimée lors d’une interview sur le net et ses réponses sont pour le moins laconiques. Pourquoi avoir choisi loup-garou au lieu de « grand loup » ou « loup » tout court ? Réponse « faute de mieux ». OK... Tout devient plus clair lorsqu’on apprend qu’il s’agit là de son premier travail de traduction. On peut donc espérer que cela va aller en s’arrangeant au fil des tomes.

Si vous êtes lassé par l’heroic-fantasy courante, le Trône de Fer est une agréable alternative qui, je pense, se transforme en très bon roman au fur et à mesure que l’histoire avance. Il faut savoir cependant que la saga est longue (12 romans !), et à ce jour inachevée.

 

Si vous êtes intéressés par cette saga, un seul site : www.lagardedenuit.com

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 16:35

undernierverreavantlaguerreDe Dennis Lehane
Traduit par  Mona de Pracontal


Dennis Lehane est un écrivain qui a le vent en poupe : trois de ces romans ont été portés sur grand écran, notamment par Clint Eastwood (« Mystic River ») et Martin Scorcese (« Shutter Island »), excusez du peu. Si je ne vous ai pas parlé de « Shutter Island », le premier roman de Lehane que j’ai lu il y a quelques semaines, c’est que j’attends de revoir l’adaptation ciné qu’en à faite Scorcese. Et aussi parce que je suis resté un poil sur ma fin, mais je reviendrais plus tard sur mes raisons.

« Un dernier verre avant la guerre » est le premier roman de Dennis Lehane mettant en scène les deux détectives privés préférés de l’auteur : Patrick Kenzie et Angie Gennaro. Tous deux forment un couple d’enquêteurs cyniques et blasés car marqués par leurs passés respectifs. Lui a du subir pendant son enfance les violences physiques de son père ; elle est battue par son époux. Deux sénateurs américains racistes leur demandent de l’aide pour retrouver des documents secrets qu’une domestique noire aurait dérobée avant de s’enfuir. Une affaire à priori dans les cordes des héros ; mais bien entendu ce sera un peu plus compliqué que cela…

Ce roman marque d’abord par les héros de Lehane. On sent que l’auteur aime ses personnages, il les bichonnent. Rapidement on s’attache à ces deux écorchés de la vie qui tentent de remettre de l’ordre là où ils peuvent. Les bons mots fusent, les relations entre les deux personnages sont compliqués et j’ai pris un gros plaisir à les voir évoluer dans cette intrigue.

Intrigue qui justement ne souffre d’aucun temps mort. L’action se développe rapidement, pas de chichis, c’est tendu du début à la fin. Jamais je n’ai ressenti le moindre ennui et j’ai avalé les 350 pages très rapidement (et j’en redemande). Cerise sur le gâteau c’est bien écrit, et bien traduit.

Si j’ai senti Lehane bien dans ses personnages, il m’a paru aussi très à l’aise avec la ville qui sert de décor au roman : Boston. On sent que l’auteur connaît les lieux, aiment retranscrire les ambiances de certains quartiers et de certaines communautés.

Et après avoir vu « Mystic River » et « Shutter Island », puis lu « Un dernier verre avant la guerre », je crois que je cerne mieux les thèmes récurrents de l’auteur : l’innocence brisée, les séquelles du passé, et les relations amitié/haine dans les communautés urbaines. L’artiste a clairement quelque chose à dire, « Un dernier verre pour la guerre » est d’ailleurs très engagé sur les derniers chapitres.

Distrayant, mais loin de se limiter à cela, « Un dernier verre pour la guerre » est un vrai bon petit roman bien sombre. C’est aussi la première apparition d’un duo que j’ai bien envie de retrouver rapidement (dans le roman suivant : «Ténèbres, prenez moi la main »).

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 13:29

laconspirationdestenebresDe Théodore Roszack

Traduit par Edith Ochs


C'est en fréquentant un cinéma de quartier que Jonathan Gates découvre, par hasard, un film d'un réalisateur inconnu : Max Castle. Si le film n’est qu’une série Z, Jonathan se prend de passion pour le cinéaste et entreprend de lever le voile sur sa vie. Max Castle, né en Allemagne, s’est expatrié en Amérique du nord avant la seconde guerre. Il espérait y poursuivre une carrière prometteuse, malheureusement son travail n’a jamais été reconnu et il fut obligé, pour gagner sa vie, d’accepter des projets de plus en plus minables. Jonathan ne tarde pas à considérer Castle comme un génie du cinéma contemporain, car l’artiste parvient à faire passer des sensations étonnantes de noirceur dans ses films. Bien déterminer à découvrir tous les secrets de Max Castle, Jonathan Gates se lance dans une très longue enquête qui va l’amener à reconsidérer l’origine du cinéma et son impact sur ses contemporains…

 

J’ai été accroché par ce roman grâce à une petite phrase en quatrième de couverture : « Un grand bonheur en perspective pour ceux qui aiment le cinéma, le mystère et la littérature ». Je me suis senti un poil concerné !

 

La Conspiration des Ténèbres est un gros pavé de 800 pages. Et autant dire que ces 800 pages sont entièrement dédiées à Max Castle, ce cinéaste maudit inventé pour l’occasion par Théodore Roszack.  Le roman du coup ressemble à un pavé monolithique : si l’on accroche pas rapidement à la quête entreprise par Jonathan Gates, on risque de se lasser assez vite.

 

Heureusement, l’écriture de T. Roszack est vive, et donne une impression de belle érudition dans le domaine de l’histoire du cinéma. C’est une des grandes qualités du roman : on pénètre avec bonheur dans les coulisses du Hollywood des années 40-50. L’auteur développe pas mal d’idées et de connaissances intéressantes qui interpellent. Par exemple j’ai toujours appris, et donc crus, que les inventeurs du cinéma était les Frères Lumières. L’auteur nous présente un certain Louis Aimé Augustin Le Prince (voir sa fiche sur Wikipedia), qui aurait inventé avant tout le monde un système cinématographique. Reste qu’il s’agira de prendre toutes ces connaissances avec des pincettes, puisqu’il est souvent difficile de démêler la vérité de ce que l’auteur à inventé pour l’occasion.

 

Le roman se décompose en 2 grandes parties assez distinctes : les 500 premières pages sont intégralement consacrées à l’enquête de Gates, puis après un passage à vide, les derniers chapitres sont l’occasion pour T. Roszack de terminer son histoire de manière surprenante.

 

On pourra, à juste titre, remarquer pas mal de ressemblances avec Da Vinci Code. Sauf que La Conspiration des Ténèbres date de 1991, soit bien des années avant le carton de Dan Brown.

 

En fait, l’une des faiblesses du roman vient justement son âge. Si en 1991 les principes de manipulation du public via les films étaient encore inconnus du grand public, 20 ans plus tard on ne peut pas se dire réellement surpris de ce qu’on découvre sur le travail de Max Castle. Dommage, la découverte des trucages de Castle s’est émoussée au fil du temps.

 

Heureusement, la puissance du final rattrape le tout et permet de conserver le plaisir de lecture. L’auteur pousse son idée à fond, même si c’est un poil improbable, on se laisse porter par le fil de l’histoire.

 

Un mot sur la version française. Commençons par le titre, pas forcément très flatteur. Le titre original, Flicker, est intraduisible et fait référence à un point précis des techniques de Castle. Mais franchement La Conspiration des Ténèbres, ca fait un peu trop série B à mon goût. Ensuite, la couverture. Les éditions du Cherche-midi ne se sont pas bien cassé la tête : une couverture toute noire, avec le titre (je n’y reviens pas) vaguement menacant. Alors que les couvertures originales des différentes éditions avaient au moins le mérite de proposer un visuel. Jugez par vous-même ci-dessous.

 

La Conspiration des Ténèbres est un bon pavé, qui se mérite mais qui apporte en fin de compte un sacré plaisir de lecture. Franchement recommandé.


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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 10:56

ledahlianoirde James Ellroy

Traduction de Freddy Michalski

Je voulais lire Le Dahlia Noir depuis pas mal de temps. Parce que c'est un classique du roman noir, et que j'ai envie de me mettre à ce genre de livres depuis quelques mois. Et on m'avait dit le plus grand bien de ce livre.

Dwight Bleichert, policier de Los Angeles, se lie d'amitié avec Leland Blanchard, un collègue. Les deux hommes travaillent ensemble, ils forment un bon duo de flics. Jusqu'au jour où une enquête va bouleverser complètement leurs vies.
Janvier 1947. Le corps d'Elizabeth Short est retrouvé, atrocement mutilé, dans un terrain vague de Los Angeles. L'affaire fait grand bruit, et la police, sous la pression de la mairie, doit tout mettre en oeuvre pour retrouver l'assassin. Bleichert et Blanchard se voient confier l'affaire. Ils vont plonger au coeur des ténèbres, à la recherche d'un tueur insaisissable...


Je vois le Dahlia Noir comme un no man's land grisâtre. Généralement, dans les intrigues, le Bien et le Mal sont clairement délimités, et la frontière entre eux assez mince : soit un personnage est gentil, soit il est mauvais.  
Dans le Dahlia Noir, Le Bien et le Mal sont des notions extrèmes, et l'ensemble des personnages du roman naviguent constamment entre les deux. Tout le monde a sa part sombre, et même lorsqu'un personnage tente de faire le bien, il finit irrémédiablement par commettre des actes répréhensibles. C'est la grande force du roman : assister à l'évolution de ces personnages dans cette zone bien sombre, ce no man's land.

James Ellroy prend son temps : l'auteur consacre les 100 premières pages à détailler les débuts de la relation entre Bleichert et Blanchard. On ne s'ennuie pas, mais on ne voit pas où il veut en venir. On aimerait que l'intrigue commence "réellement". Et puis le cadavre d'Elizabeth Short surgit dans l'intrigue, et plus rien ne sera comme avant. On comprend alors pourquoi le roman ne commence pas par le meurtre, parce qu'Ellroy veut appuyer sur la manière dont il va transformer la vie des deux flics.

Dans Le Dahlia Noir, toutes les couches de la société en prennent un coup, personne n'est innocent. Que ce soit l'aristocratie, les politiques, les autorités, etc. tout le monde a quelque chose à se reprocher, d'une manière ou d'une autre. Les deux personnages principaux seront les plus touchés dans cette histoire.

James Ellroy travaille à partir de faits réels, mais transforment la réalité : l'affaire du Dahlia ne fut jamais résolue. Ici, Ellroy aboutit à une conclusion, donne un coupable mais en fin de compte cela n'a plus réellement d'importance.
On sent la volonté de l'auteur de faire vrai, de donner une profusion de détails, c'est aussi l'un des défauts de son histoire. Il faut une lecture attentive pour ne pas crouler sous les noms de personnages. Heureusement ici on s'en sort encore sans prendre de notes. Mais pour peu que vous lachiez le livre une ou deux semaines, cela devient délicat d'y revenir. Il vaudra donc mieux le lire d'une traite.

Le Dahlia Noir est un livre magnifique, très noir, qui ne m'a pas déçu. Je retournerai bientôt vers cet auteur avec Le Grand Nulle Part.


Poche: 504 pages
Editeur : Rivages (18 octobre 2006)
Collection : Rivages Noir
Langue : Français
ISBN-10: 2743615877
ISBN-13: 978-2743615871

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 22:08
Je me promenais au supermarché, je faisais mes courses, quand mon regard tomba sur la couverture de ce livre : "Guillermo Del Toro" écrit en gros. Pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme, apprenez que c'est un jeune réalisateur espagnol et qu'il a connu une ascension fulgurante ces dix dernières années dans le monde du cinéma fantastique. On lui doit notamment les très bonnes adaptations de Hellboy et le Labyrinthe de Pan, des films que je vous conseille vivement.
Ca ne pouvait donc qu'attiser ma curiosité.

Première surprise, il n'a pas écrit "La Lignée" tout seul, puisqu'un certain Chuck Hogan (à ne pas confondre avec le catcheur Hulk Hogan...), s'est joint à lui.

Bon ! pour tout vous avouer, j'ai tout de suite pensé qu'il s'agit d'un coup commercial, que Guillermo avait cédé à la tentation de gagner quelques dollars en inscrivant son nom en haut d'une couverture d'un livre écrit par un autre.

Et c'est peut-être ce qui s'est passé. Mais au final on s'en moque un peu puisque "La Lignée" n'est pas terrible et m'est tombé des mains au bout d'une centaine de pages.

L'intrigue de départ était pourtant pas mal : un avion atterrit à l'aéroport de New-York. Problème : depuis qu'il a touché le sol, on n'a plus aucun contact avec le personnel à bord ou avec les passagers, et pour cause, puisqu'ils sont tous morts. Hop, exterminés d'un seul coup, sans voir la mort arriver. C'est le début de l'enquête pour Ephraïm, le héros du roman, spécialiste dans les maladies infectieuses. Et l'éclipse solaire prévue pour le lendemain ne va pas arranger les choses. Et c'est tout de même curieux ce cerceuil rempli de terre dans la soute de l'appareil, non ?

Croyez-moi, j'ai essayé de m'interesser à cette histoire, mais le style des auteurs est venu à bout de ma patience. Il y a un paquet de remplissages dans le texte ; on sent que les écrivains ont écrit avec une encyclopédie ou Wikipedia sous la main. Détails de procédures, descriptions de matériel, et j'en passe, bref tout semble prétexte à remplir. Les 100 premières pages sont bien vides, surtout lorsqu'on commence à deviner qu'il s'agit d'une histoire de vampires.

Et là, tout s'éclaire : le début de "La Lignée" n'est qu'un remake modernisé du Dracula de Bram Stocker avec l'arrivée du Comte en Angleterre à bord d'un navire vide.

Les personnages sont inintéressants au possible : le gentil scientifique divorcé qui veut faire plaisir à son gamin ET son ex mais qui a une relation avec une de ses collègues, c'est d'un banal.

Et au fil des pages, les auteurs comblent, meublent, sans que rien ne vienne développer agréablement les premières pages, pourtant attrayantes.

En résumé, Guillermo Del Toro avait probablement une piscine à payer, et y a vu l'occasion de remplir son compte bancaire. Dommage, moi j'ai perdu mon temps et 20 euros.
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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 10:12
de Joseph Delaney

Thomas Ward est le septième enfant d'une famille de fermiers. Son père étant lui-même le septième enfant de sa famille, la tradition veut que Tom soit confié à l'Epouvanteur, un homme chargé de protéger les citoyens des sorcières, gobelins et autres créatures de la nuit. Un sort qui n'est pas sans inquiéter Tom : s'accomodra-t-il d'une vie pleine de dangers, loin de sa famille ?
Rapidement, le jeune garçon se découvre un bon apprenti. Mais sa naïveté et son inexpérience l'amènent à libérer une terrible menace : Mère Markin, une effroyable sorcière...


L'Apprenti-Epouvanteur est un livre jeunesse, c'est-à-dire qu'il est plus destiné aux ados. Et pourtant, il est parfaitement lisible par un adulte, et c'est sa première qualité. Joseph Delaney ne tombe que très rarement dans la mièvrerie.

On suit avec plaisir le quotidien de Tom, qui nous sert de candide dans cet univers fantastique. Le monde n'a rien d'extraordinaire, si ce n'est qu'on n'arrive pas vraiment à situer la période de l'intrigue : elle se déroule environ entre notre XIème et XVème siècle ? Mystère. La géographie elle-même est découverte au fur et à mesure des avancées du héros.

L'Epouvanteur fait une bonne figure paternelle, et Delaney n'oublie pas de développer quelques mystères familiaux (la mère de Tom semble en savoir bien plus qu'elle n'en dit, par exemple).

L'histoire se lit bien, si bien qu'on arrive facilement à bout de ce premier volume. Et c'est presque son principal défaut : il manque un "je ne sais quoi" d'épique. J'ai l'impression que l'auteur n'ose pas se lancer complètement dans une grande histoire et se contente d'une petite intrigue vite résolue. Depuis la sortie du volume, l'Epouvanteur a connu son petit succès, si bien que de nombreux volumes sont maintenant disponibles et j'espère qu'une bonne grosse intrigue épique va se développer.

L'Apprenti-Epouvanteur constitue donc une parfaite lecture détente pour nous autres adultes. A suivre dans le deuxième opus, qui devra réussir à dépasser les limites du premier.

275 pages
Editeur : Bayard
ISBN-13: 978-2747017107
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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 14:18
Souvenez-vous : j'avais essayé il y a quelques mois de lire un polar "noir" avec un Raymond Chandler. Hélas, en m'embrouillant dans les noms des personnages et en ne lisant pas suffisamment attentivement, j'étais  un peu passé à côté. J'ai profité de la période estivale pour retenter l'expérience, avec un autre classique de la littérature policière, le premier roman de James Hadley Chase, Pas d'Orchidées pour Miss Blandish.

Nous sommes dans les années 30 aux Etats-Unis.
Une bande de voyous imaginent pouvoir réussir un bon coup : dérober un collier de diamant de grande valeur à la fille du richissime M. Blandish. Pas de chance pour eux, l'opération tourne mal : non seulement ils sont obligés de tuer le fiancé de la jeune femme, mais les voilà forcés de la kidnapper ! La perspective de faire chanter le père les arrange bien, si ce n'est qu'ils sont maintenant poursuivis à la fois par les fédéraux (pour le meurtre) et le gang de Maman Grisson, qui veut mettre la main sur le précieux collier...


Ce premier roman de James Hadley Chase (il y en aura plein d'autres tant il fut un succès) se lit presque d'une traite. Rapide, étonnament rythmé (pour un roman de 1939), et nerveux, ce livre est un très bon policier dans la mouvance "noir".

Curieusement, Chase choisit de ne pas mettre en avant les policiers et détectives, et ce sont bien les bandits qui tiennent ici la vedette. Chacun a son caractère bien trempé, et c'est une véritable galerie de gangsters que nous dépeint Chase, avec des stéréotypes qu'on aime retrouver : l'as de la mitraillette, le psychopathe qui joue du surin, la femme obèse chef de gang. Leur point commun ? Un langage cru et violent : la légende veut que Chase, anglais d'origine, ait écrit son livre avec un dictionnaire argotique sous la main. Curieusement, l'auteur n'a, lorsqu'il écrivit son roman, jamais mis les pieds aux States, mais on ne s'en rend jamais compte.

L'histoire est sombre, notamment à cause de ses personnages peu recommandables, et l'on s'interroge continuellement sur le destin de Miss Blandish (le titre nous renseigne finalement un peu sur son devenir). La première partie du roman est consacrée au kidnapping en lui-même et la façon dont le gang Grisson réussit son coup. La second met en avant un détective privé chargé de retrouver Miss Blandish. Curieusement, même à ce moment-là, on a le sentiment qu'il reste un personnage secondaire.

Pas d'Orchidées pour Miss Blandish me renoue avec le genre, et j'ai bien hâte de lire la suite que Chase écrivit une dizaine d'années plus tard : La Chair de l'Orchidée. A noter qu'une bonne partie des romans de James Hadley Chase sont republiés depuis quelques mois dans la collection Folio Policier.

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