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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 09:54

lejardindesuldrun.jpgPar Jack Vance

Chers amis, voici une bien curieuse chronique, puisque je vais vous parler rapidement du premier tome de la saga de Lyonesse de Jack Vance, Le Jardin de Suldrun.

Pourquoi brièvement ? Tout simplement parce que je ne l'ai pas fini. C'est suffisament rare pour que je l'indique et par conséquent comme je n'en ai pas lu la moitié, ne prenez mes propos qu'avec d'énormes pincettes.

Le Jardin de Suldrun se déroule dans le royaume des Isles Anciennes, un royaume médiéval situé au large des côtes bretonnes, avant les mythes des Chevaliers de la Table Ronde. Nous découvrons un royaume gagné peu à peu par les conflits entre petits royaumes. L'héroïne de cette histoire s'appelle Suldrun et elle est la fille du roi Casmir du royaume de Lyonesse. Pour ce que j'en ai lu, Suldrun est délaissée par ses parents qui n'y voient qu'une fille bonne à marier pour assurer certains accords diplomatiques avec les états voisins. Mais Suldrun est revêche et indépendante, et elle tombera amoureuse du fils d'un roi d'une autre région, remettant en cause les plans de son père...

Voilà en gros les 250 premières pages. Donc en somme il ne s'y passe pas grand chose et je m'ennuie. J'ai donc décidé d'arrêter. Pourtant, ca n'est pas mal écrit, bien au contraire : Jack Vance est méticuleux, pose ses personnages, prend son temps (trop à mon goût), décrit le royaume de Lyonesse de manière pratique et détaillée.

Mais voilà, l'intrigue n'avance pas. Et pour cause, puisqu'il s'agit d'écrire une légende classique sur le long terme et qu'il faut 3 épais volumes à Vance pour conclure son histoire. Ce rythme lent est donc tout à fait volontaire, histoire de donner une grandeur à l'intrigue. Mais ce n'est pas ce que j'ai envie de lire en ce moment, tout bêtement.

Une mention spéciale à la personne qui fait les résumés au dos du livre. Merci d'avoir raconté l'histoire sur plus de 250 pages. Du coup, ca a aussi fortement contribué à mon ennui. Messieurs les Editeurs, si vous pouviez vous abstenir de raconter le quart de l'intrigue sur ce genre de roman, ca serait pas mal.

Si vous aimez les longues sagas fantasy détaillées, foncez, c'est pour vous et vous aurez bien raison de vous y mettre ! Si vous préférez une intrigue incisive et rythmée, passez votre chemin.

Editions Gallimard Folio SF
727 pages (lu 250 environs)
ISBN : 978-2070429202

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24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 13:31

lafindetousleschants.jpgpar Michaël Moorcock

Et voilà le dernier volet des aventures de Jherek Carnelian à la Fin des Temps. D'ailleurs il faut le dire vite, puisque nous retrouvons notre héros naïf aux tous débuts de la création, bien avant même la préhistoire, au "paléozoïque". Jherek et sa dulcinée, Mrs Amelia Underwood, avait échouée à cette époque après une panne de machine à voyager dans le temps. Rapidement, le couple d'infortune croise le chemin des Lats, extra-terrestres du futurs eux-aussi malchanceux. L'arrivée de voyageurs temporels va permettre à Jherek et Amelia de retourner dans le futur, où ils ils apprennent rapidement que la Fin des Temps, c'est véritablement pour bientôt...

Moorcock conclue sa saga des Danseurs de la Fin des Temps. Si ce dernier volume se lit avec plaisir, c'est surtout grâce à l'attachement que j'ai finit par porter aux personnages. Amelia Underwood devient un personnage très important, prenant presque le pas sur Jherek. L'intrigue est par contre un brin en dessous des 2 volumes précédents, notamment à cause d'une dernière moitié assez flou et laborieuse.

Heureusement, Moorcock nous apprend plus sur son univers de la Fin des Temps si original : le rôle des Vieilles Cités, et surtout sur les congénères insouciants de Jherek. Par contre, les Lats restent désespérement insipides tout comme quelques autres personnages secondaires qu'on aurait aimé voir développéq un peu plus. Dommage.

La conclusion de cette saga est tout de même satisfaisante et amusante. Il existe un quatrième livre, Légendes de la Fin des Temps, présenté sous la forme d'un receuil de 3 nouvelles indépendantes de l'histoire principale. Mais je me le réserve pour plus tard, j'ai envie de changer d'univers.

Guallimard collection Folio-SF
370 pages
ISBN : 9782070316151

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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 11:21

lamaisondesfeuilles.jpgPar Mark Z. Danielewski

Attention, cette Maison des Feuilles est, dans la forme, un véritable OVNI littéraire : faisons le tour du propriétaire avant un éventuel eménagement...

John "Hoss" Errand est un tatoueur junky de Los Angeles. Lors d'un déménagement, il récupère le manuscrit d'un vieillard aveugle, Zampanõ. Dans ce manuscrit, le vieil homme réalisait une analyse méticuleuse d'un film étrange, le "Navidson Record",  vidéo pirate amateur circulant sous le manteau depuis quelques années et exposant les mésaventures de Navidson.
Navidson est photographe et a choisit de filmer son eménagement dans la nouvelle demeure familiale de Ash Tree Lane. Navidson installe tout une batterie de cameras pour ne rien manquer des faits et gestes de son épouse et de leurs deux enfants.
Seulement voilà : une porte apparaît dans une chambre du premier étage. Sans raison. Cette porte mène sur un couloir sombre et glacial. Mais ce n'est pas son apparition qui est le plus dérangeant : le couloir ne peut physiquement pas exister : Navidson mesure et re-mesure, les dimensions ne correspondent pas à celles des murs qui entourent le couloir. Navidson décide alors d'explorer le couloir plus attentivement, et découvre qu'un nouvel embranchement est apparu. Commence alors une exploration étrange et terrifiante dans les profondeurs insondables de cet espace impossible...


Vous êtes toujours là ? :o)

Dans sa forme, La Maison des Feuilles déroute. Cela commence par le témoignage de Johnny Errand, puis on lit le manuscrit de Zampanõ, qu'il a lui même annoté, et que Johnny a annoté à son tour. A travers le manuscrit et les annotations, on se retrouve donc à suivre parallèlement trois histoires : celle de Navidson dans sa maison, de Zampaõ (avec son analyse) et de Johnny (surtout son passé). Le livre se termine par presque 200 pages d'annexes composées de photos, de dessins, de poèmes, de citations, et des lettres de la mère de Johnny, enfermée dans un hopital psy.

Maintenant, si vous feuilletez le bouquin (je vous invite à vous rendre dans votre librairie), ca va vous faire tout drôle ! Car Danielewski a choisi de jouer avec le livre en lui-même (que vous tenez entre vos mains) et n'hésite pas à briser certaines règles d'écriture.
Pour s'y retrouver entre toutes ses intrigues et notes, l'auteur change régulièrement de police d'écriture afin de bien séparer les annotations de chaque narrateurs. Le manuscrit de Zampanõ n'étant pas forcément en très bon état, certains passages sont effacés, ou bien mal retranscrits. Quand Navidson parcourt cet univers qui s'ouvre à lui depuis l'étrange couloir, pour marquer la désorientation du personnage, le narrateur disperse ses mots sur la page. Le lecteur se retrouve donc obligé de tourner le livre dans tous les sens. srevne'l à tircé tse etxet el siofraP. Si Navidson grimpe

progression
cette
ressente
lecteur
le
que
afin 
verticalement
est
écrit
le texte

Quand l'auteur veut décrire la trajectoire d'une balle de fusil, il joue avec les pages pour créer un sentiment de ralenti



en                               écrivant                                un                            mot                        par                              page

Lorsque la mère de Johnny lui envoit de son hôpital des lettres, ces dernières sont codés, le lecteur devant trouver seul la solution pour lire ses messages : ethernet temps croissant ruelle orgue yeux eau zoo melon orchidée idée concept attendre pause rive emploi nature dé dire utiliser tenir escalade mime point seringue !

Bref vous aurez compris le principe, je pense. Danielewski livre un bouquin étrange tout à la fois ludique. Trop même parfois. Car avec tout ceci, je suis sorti de l'histoire vers la moitié du pavé, tant c'était contraignant.

L'histoire en elle-même est une version moderne de la maison hantée (mais sans véritablement de fantôme). Ce couloir étrange intrigue, on cherche à en savoir plus et rapidement, on sent que l'on aura pas de réponse précise sur le pourquoi du comment. Danielewski se garde bien de révèler l'origine de ce phénomène et se concentre sur les répercussions psychologiques qu'auront les évènements sur les personnages (quelque soit le niveau de narration du livre).

Comme l'analyse de Zampanõ porte sur la vidéo du Navidson Record, le livre est très "cinématographique" et très visuel même dans la narration (les chapitres suivent en fait le rythme de la vidéo). J'ai bien aimé cet aspect des choses.

Malheureusement, l'ensemble est trop verbeux, Danielewski se perdant dans des listes et des listes de mots par moment, nous assomant parfois avec des analyses pointues et inintéressantes car souvent hors sujet. A croire qu'il oublie parfois qu'il a une histoire à raconter. Dommage car toute la première partie du bouquin pose formidablement l'ambiance, mais dans la seconde l'auteur se repose sur ses lauriers pour conclure les intrigues de manière confuse et à mon avis médiocre.

J'avais lu tant de louanges qu'au final j'ai été un brin déçu car j'en attendais certainement beaucoup trop. La Maison des Feuilles reste tout de même un bon moment de lecture, inoubliable plus grâce à sa forme qu'au fond.


Denoël (collection Denoël & d'ailleurs)
709 pages
ISBN-10: 2207252000

Pour les fondus de ce livre, et ils sont nombreux, je vous conseille ce site web assez complet à première vue, résultat d'un travail impressionnant de relecture : http://lamorine.free.fr/ashtreelane/

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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 11:20

danseursdelafindestempstome2.jpgPar Michael Moorcock

A la fin du premier volet des Danseurs de la Fin des Temps, Jerehk Carnelian est revenu à son époque, soit plusieurs milliards d'années dans notre futur. Mais Jerehk se languit de Mrs Underwood, restée à son époque d'origine, le 19ème siècle. Et ce n'est pas l'apparition des Lats, d'étranges musiciens-brigands extra-terrestres qui va le distraire ; non, décidément, Jehrek est amoureux et veut retrouver sa belle Mrs Underwood ...

Moorcock continue ici son épopée baroque et barrée. Les Terres Creuses sont presque un remake du premier volet avec la même structure en deux parties : ca démarre dans le futur pour se terminer à l'époque victorienne pour se terminer... surprise ! Entre-temps, Moorcock s'amuse et nous fait sourire grâce à Jehrek, son héros naïf. Rien de bien nouveau donc dans ce deuxième volet mais la lecture de ce tome constitue un petit moment de plaisir. Il est juste dommage que Moorcock ne se montre pas un poil plus original se contenter de décalquer le premier livre. Par contre la conclusion promet de sympathiques moments pour le troisième bouquins.

Editions Gallimard, Folio SF
270 pages
ISBN : 2070315991

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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 23:02

par Michaël Moorcock

Plus d'un million d'années dans le futur. Il ne reste plus qu'une poignée d'humains sur Terre. Ils ont vaincu la mort et par conséquent sont immortels. Cet situation les a peu à peu au fil des siècles transformés en êtres insensibles, ignorants tout des sentiments, et décadents. La sexualité est complètement libre, on fait l'amour partout, devant n'importe qui et  l'inceste est complètement accepté (le héros du roman couche avec sa mère dès les premières pages)

La technologie avancée a donné la faculté aux humains de façonner le monde selon leurs souhaits et la Terre n'est plus qu'un patchwork d'univers et d'ambiances. Leurs loisirs ? Créer des ménageries privées dans lesquels ils font vivre des reproductions d'êtres humains des anciennes époques.
Et ils vivent ainsi tentant péniblement de se surprendre les uns les autres. Jherek Carnelian, le héros,  est un être à part puisqu'il est le seul véritable humain qui est né naturellement (et qui n'a pas été façonné directement par d'autres humains).
Un beau jour, son chemin croise celui de Mrs Amélia Underwood, une jeune femme téléportée depuis l'époque victorienne (par on ne sait quel mystère). Et Jherek en tombe immédiatement amoureux. Enfin du moins aimerait découvrir comment on tombe amoureux puisqu'il ignore ce sentiment. Il va donc tenter par tous les moyens de s'attirer les bonnes grâces d'une Amélia complètement perdue dans une époque impie selon les standards de l'Angleterre des années 1890. Mais l'affaire se complique quand une autre humaine s'approprie Amélia pour alimenter sa ménagerie privée...

J'ai connu Michaël Moorcock grâce à sa saga Elric, célèbre dans le domaine de la fantasy pour avoir renouvellé le genre au cours des années 70 en développant un anti-héros torturé par ses sentiments et possédé par une épée maléfique. Ca n'était pas spécialement très bien écrit, le premier volume étant intéressant, le reste se diluant très rapidement dans la médiocrité.

Allez donc savoir pourquoi cette Chaleur venue d'ailleurs m'a attiré ? Il s'agit du premier volet de la saga des Danseurs de la Fin des Temps, découpée en 3 volumes (plus un 4ème à priori optionnel).

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les néophytes auront beaucoup de mal à rentrer dans l'intrigue tant Moorcock fourmille d'idées étonnantes et barrées dans la première partie de ce premier livre. Michaël Moorcock reste en effet assez flou lorsqu'il décrit cette époque futuriste et il faut accepte pas mal d'informations dans les premières pages, sans chercher à trop comprendre (Ah, les humains peuvent refaire le monde comme ils le veulent ? Bon, ok; je ne demande pas comment...).

Mais, passé ce passage difficile où il faut rentrer dans une histoire bizarre située dans une époque baroque et décadente, si l'on s'accroche, on découvre une intrigue amusante et intéressante. Amusante, parce qu'on sent l'auteur s'amuser comme un petit fou derrière sa plume, glissant de çi de là quelques bons mots et situations cocasses (surtout dans la seconde partie). Intéressante car en developpant un univers étrange, il se permet de surprendre régulièrement le lecteur. Enfin, voir ce héros, Jherek, s'interroger sur "qu'est-ce qu'être humain ? Qu'est-ce que l'amour ? la haine ? la douleur ?", renvoit forcément le lecteur à des questionnements personnels sur notre propre civilisation.

Bref, une bien belle surprise, d'autant plus que c'est, contrairement à Elric, assez bien écrit. J'attaque Les Terres Creuses, le deuxième volume, immédiatement. Je reviendrais vous en donner des nouvelles.

Editions Galllimard - Folio SF n°174
270 pages
ISBN : 2070315568

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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 18:19
par Joshua Mowll.

Après le terrible A l'estomac (de Chuck Palahniuk, dont je vous parlais il y a peu), j'avais envie de me plonger dans une histoire plus simple, plus gentillette. Je me suis donc plongé sur Opération Zoridium, le premier volet de la trilogie des Les Aventuriers du Cercle.

Les années 20, Shanghaï.
Rebecca et Doug sont à la recherche de leurs parents, mystérieusement disparus dans une expédition dans le contre de la Chine. Mais les deux ados sont de véritables garnements. Oh, pas vraiment méchants, mais c'est bien simple, ils n'écoutent pas et n'obéissent jamais. Heureusement, ces deux-là sont expiègles et malins ce qui leur permet de se sortir de pas mal de situations cocasses. Alors lorsqu'ils embarquent sur l'Expedient, le navire de leur oncle Fitzroy, ils se disent qu'ils vont avoir la belle vie. Hélas pour eux, les voilà embarqués dans une aventure qui les amènera à affronter un terrible pirate chinois, peut-être bien en relation avec le destin de leurs parents...

Ici, le maître-mot, c'est AVENTURE. Ce roman fonce à 100 à l'heure et ne vous laisse que rarement souffler. Malgré ses 300 pages, le texte est gros et espacé ce qui facilite le confort, mais explique aussi pourquoi on avale les pages très facilement. Au programme : scientifique français un peu fou, machines et engins technologiques, fraternité spirituelle samourai... Les deux enfants sont emportés par le rythme de l'intrigue tout comme nous lecteurs.

Rajoutez à cela une présentation luxueuse au possible : dessins, croquis, extraits d'articles de presse, diagramme, extrait de journal intime de Rebecca, etc. Mowll, l'auteur, ne lésine pas lorsqu'il veut plonger le lecteur dans l'histoire ! Du coup, ce livre est un plaisir pour les yeux.

Seul petit défaut : cela reste un livre pour ado (12 ans et plus) et du coup, parfois, l'histoire paraît un brin gentillette. Remarquez c'est ce que je cherchais vous me direz (si si relisez l'intro...), mais j'aurais apprécié un peu plus de hargne, de machiavelisme chez les "méchants". Autre point négatif : si tout est luxueusement détaillé, finalement l'intrigue n'avance pas beaucoup, à commencer par la recherche des parents de DOug et Rebecca. On imagine que les 2 autres romans combleront ce défaut et qu'il faut voir là un livre d'introduction.

Reste une bonne impression générale mais qui ne pousse pas à lire la suite immédiatement. Opération Zoridium pourrait cependant séduire pas mal d'ados en quête d'aventures...

Editions Flammarion
304 pages
ISBN : 2081631164
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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 08:44

par Chuck Palahniuk

"Retraite d'écrivains : mettez votre vie de côté pendant trois mois. Disparaissez. Brisez les entraves qui vous empêchent de réaliser votre chef-d'oeuvre ! Le boulot, la famille, la maison, autant de contraintes, autant de distractions. Faites une pause pendant TROIS MOIS. D'autres partagent vos aspirations : venez vivre avec eux cette expérience dans un cadre propice au travail. Si vous êtes sélectionné, le vivre et le couvert vous seront offerts. Tentez votre chance, mettez en jeu ce petit bout de vie et assurez-vous un autre futur : une carrière de poète, de romancier, de scénariste. Vivez vos rêves avant qu'il ne soit trop tard ! Places limitées."

23 écrivains écrivains amateurs ont répondu à cette annonce... et se retrouvent en enfer ! Car ils se retrouvent dans un vieux théâtre délâbré et sous-terrain, avec pour mentor un vieillard inquiétant. D'après lui, la règle est simple : ils sortiront dans 3 mois si ils ont écrit le chef d'oeuvre de leur vie ! Ainsi, à la manière d'un atelier d'écriture déviant, chacun essait de se mettre au travail.
Mais rapidement, l'enfermement pousse tout le monde à la crise de nerf, personne n'arrive à travailler correctement dans ces conditions. La folie gagne les participants : ils saccagent leur stock de nourriture, détruise la chaufferie, essaient de s'évader. Rien n'y fait, le vieillard tient bon. dans une crise de folie, ils finissent par le trucider... mais personne ne vient pour les sauver.

Tout le théâtre bascule alors dans la folie. Les auteurs se persuadent qu'ils participent involontairement à une émission de tv-réalité déviante. Chacun imagine qu'ils en sortiront riche et célèbre. Et d'autres idées folles germent : s'auto-mutiler pour susciter la pitié des spectateurs, créer de fausses histoires romantiques pour attirer l'attention sur soi, harceler les autres pour les pousser à se suicider... Pire, les conditions de vie se dégradent rapidement, et les auteurs auront recours au moyen les plus sordides pour survivre.

Et régulièrement, chacun lit aux autres ses travaux littéraires, bien entendu de plus en plus fous.

Lire un roman de Chuck Palahniuk, c'est souvent se prendre une énorme claque dans la gueule. A l'estomac n'y fait pas exception.

Parlons de la forme, tout d'abord. A l'estomac se présente sous la forme d'un recueil de nouvelles reliées entre-elles par une intrigue globale. Chaque historiette peut se lire indépendament des autres. Cela serait quand même se priver de quelques finesses puisque Palahniuk fait transparaître dans leurs écrits petit à petit les conditions de vie extrême des auteurs.
Mais c'est aussi la plus grande faiblesse de son livre. A enchaîner les nouvelles, le lecteur finit forcément par en préférer certaines, et du coup l'ensemble est assez déséquilibré. Parfois certaines nouvelles sont tellement fortes qu'on aurait presque préféré rester dessus, plutôt que revenir sur l'intrigue principale.

A la lecture du résumé ci-dessus, vous avez pu vous dire "c'est barré comme truc". Vous n'auriez pas tord. Comme souvent avec Palahniuk, l'auteur met en scène des personnages frappadingues et hallucinés. J'avais lu 3 romans de cet auteur (Monstres Invisibles, Survivant, Fight Club) auparavent et A l'estomac est de loin le plus sordire. Sordide, parce qu'il pousse les personnages dans leurs derniers retranchements : Palahniuk se montre très précis dans les descriptions des souffrances et cela rebutera plus d'un des lecteurs.

Par contre, s'il y a bien une composante de son style qui ne varie pas, c'est le cynisme et l'humour noir . Tout le roman baigne dans cet humour particulier, tranchant et nerveux qui me plait tant. Et comme d'habitude, Palahniuk poursuit sa mise en abîme de notre société contemporaine. N'écrit-il pas : "Le Rêve Américain, c'est ça : trnasformer ta vie en quelque chose que tu peux vendre." Précisément ce que font les personnages de cette histoire.

Du côté des petites nouvelles, certaines sont vraiment de magnifiques petits trésors d'inventivité et d'idée. Ce type a des idées, vraiment plein d'idées et il les utilise. Certains auteurs aurait fait d'une d'entre-elle un roman de 500 pages, et Palahniuk nous en fait qu'une petite nouvelle de 20 pages, parfaitement ciselé sans tirer sur la corde. Au programme de ces nouvelles: un ado bien trop amateur des plaisirs solitaires, des policiers bien trop amateurs de manequins anatomiquement réalistes, la découverte du Paradis biblique et les répercussions, des bourgeois s'amusant à devenir clochards, des masseurs qui maîtrisent leur technique au point de pouvoir tuer...

C'est ce qui fait de cet auteur un de mes écrivains favoris : je n'arrive jamais à anticiper ses intrigues, je suis perdu dans l'histoire et cela me plaît. A l'estomac est un roman puissant, terrible, mais difficile et déséquilibré, décidément pas à la portée de tout le monde.

Editions Denoël et d'ailleurs
536 pages
ISBN : 2207257037

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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 11:55

par William Reymond

Après une série de roman de fiction (Star Wars, Fight Club), j'avais envie de me changer les idées. Et lorsque j'ai aperçu ce Coca-Cola, l'enquête interdite, j'ai tout de suite été attiré par ce bouquin. Pas de raison particulière, hormis d'en savoir un peu plus sur l'histoire et les pratiques de cette entreprise gigantesque. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçu.

William Reymond a découpé son livre en trois parties distinctes. Cela commence par les origines de la marque, une période qui couvre la fin du 19ème siècle jusque les années 30. On y découvre notamment comment Coca-Cola a ré-écrit son origine pour lui donner un caractère mythique. La réalité est bien plus féroce, puisque le créateur du Coca-Cola se serait en réalité fait dépouiller de sa formule secrète (elle-même fort inspirée du vin Mariani) par les créateur de la The Coca-Cola Compagny. Une première partie très historique et particulièrement détaillée.

On continue ensuite avec l'ennemi de toujours : Pepsi. L'auteur revient sur les affrontements entre les deux marques, suite de coup-bas et coups tordus tout au long du 20ème siècle.

La troisième partie revient sur les relations entre Coca-Cola et la France. A priori, jamais notre pays n'aurait porté chance à Coca-Cola et serait même devenu une sorte de mètre-étalon des ennuis commerciaux pour la société. Une façon pour elle de tirer des leçons des embûches pour mieux réussir sur d'autres marchés.

Enfin, l'ultime partie s'acharne à démontrer les rapports entre Coca et le régime nazi durant la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi Coca-Cola tout en se drapant dand la robe du patriotisme US aurait continué à rafraîchir les troupes allemandes jusqu'au derniers jours de la guerre. Bien entendu, un pan de son histoire que Coca met rarement en avant et tente de cacher au mieux.

Ce livre est un parfait concentré de cynisme économique et démontre jusqu'où une société est prête à se compromettre moralement pour réussir à s'imposer. Si l'ensemble est très documenté et annoté, le livre se laisse lire sans problème, n'est jamais ennuyeux. Mieux, William Reymond manie régulièrement une ironie discrète, qui met parfaitement en valeur les paradoxes des dirigeants de Coca-Cola.

Passionnant.

Je vous conseillerai de poursuivre votre lecture par la partie du site de William Reymond, consacrée à ce livre : http://www.williamreymond.com/coca.html

Editions J'ai Lu
446 pages
ISBN-10 : 2290355534

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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 15:19
par Chuck Palahniuk

En 1999, sortait dans les salles un film incroyable : Fight Club. Lorsque je suis entré dans la salle, rien ne m'avait préparer au spectacle que j'allais voir. Le film était réalisé par David Fincher (tout juste sorti du succès de Seven) et avait pour têtes d'affiche Brad Pitt (alors star montante d'Hollywood) et Edward Norton (idem, mais dans une moindre mesure). Et croyez-moi : jamais je ne pensais être bousculé à ce point. Visuellement, le film fait preuve d'une maestria éclatante servant parfaitement les propos pessimistes et noirs de l'histoire. Plus : jamais je n'avais encore été surpris et étonné à ce point par une intrigue. Bref, le coup de poing dans la gueule.

J'ai donc entrepris ce week-end la lecture du roman d'origine.
Et mon sentiment est partagé.
Pour en venir au principal, c'est-à-dire "pourquoi mon plaisir n'a-t-il pas été aussi grand que prévu ?", je vous dirais que le film est l'exacte réplique du roman jusque dans certains petits détails. Et c'est ce qui m'a gêné : je savais tout à l'avance, aucune scène n'était vraiment nouvelle (ou presque). Bref l'effet de surprise n'y était plus (et ceux qui parmi vous ont lu ou vu Fight Club savent à quel point l'élément de surprise est important dans l'histoire). Bref, j'enrage d'avoir vu le film avant le livre : si j'avais su, j'aurais à tout prix fait l'inverse.

Sinon, hormis ce problème, le livre livre les mêmes impressions que le film : difficile de résumer une intrigue aussi alambiquée. Je vais quand même essayer.

Le personnage principal du roman est un petit employé de bureau, expert en assurances automobiles, la trentaine et célibataire. Malheureusement pour lui, sa vie monotone lui pèse, à un point tel qu'il souffre d'insomnie. Seul façon pour lui de guérir de ce mal : cotoyer des groupes d'entraides style Alcooliques Anonymes. Et contempler la détresse des autres lui permet de retrouver une certaine "paix intérieure"... et dormir.
Au détour d'un voyage d'affaire, il rencontre Tyler Durden, un fabricant de savon mi-anarchiste mi-terroriste qui rejette la société de consommation. Les deux hommes se lient d'amitié et créent ensembles le Fight Club où des hommes se battent à mains nues. Une certaine façon de retrouver le sens de la vie, loin de la publicité et des médias...

Fight Club est un roman anti-conformiste et particulièrement acide. Palahniuk critique la société de consommation (qui ordonne de nouveaux besoins superficiels et inutiles), le développement du "paraître" sur l'"être", et le besoin d'auto-destruction. Le tout enrobé dans un ton particulièrement noir et avec un style moderne.

Extraits :

"Sur une échelle remporelle suffisamment longue, le taux de survie de tout un chacun retombe à zéro."

"Tu as une classe entière  de jeunes hommes et femmes forts et solides, et ils veulent donner leur vie pour quelque chose. La publicité les fait tous courir après des voitures et des vêtements dont ils n'ont pas besoin. Ils travaillent dans des métiers qu'ils haïssent, par générations entières, uniquement pour pouvoir acheter ce dont ils n'ont pas vraiment besoin.
Nous n'avons pas de grande guerre dans notre génération, ni de grande dépression, mais si, pourtant, nous avons bien une grande guerre de l'esprit. Nous avons une grande révolution contre la culture. La grande dépression, c'est nos existences. Nous avons une grande dépression spirituelle."

"Nous sommes les enfants de l'histoire, entre aînés et cadets, élevés par la télévision dans la conviction qu'un jour nous serons millionnaires, vedettes de cinéma, stars du rock, mais cela ne se fera pas. Et nous sommes simplement en train d'apprendre ce petit fait , dit Tyler. Alors ne déconnez pas avec nous."

"Ce n'est qu'après avoir tout perdu, dit Tyler, qu'on est libre de faire ce que l'on veut."

"Peut-être que l'amélioration de soi n'est pas la réponse.
Tyler n'a jamais connu son père.
Peut-être que la réponse, c'est l'auto-destruction."


Différences entre le film et le roman :

Maintenant pour ceux d'entre-vous qui ont vu le film et qui s'interrogent sur les différences avec le roman sans vouloir investir (vous avez tord), quelques petits trucs que j'ai relevé ici ou là. Bien entendu, si vous n'avez vu ou lu ni l'un ni l'autre, ne lisez pas (ou bien lisez mais vous ne pigerez pas grand chose).

- La rencontre entre le narrateur et Tyler Durden est complètement différente. Dans le film, ils se rencontrent dans un avion ; dans le roman, c'est sur une plage nudiste.
- Les actions de Tyler en tant que serveur-terroriste sont plus détaillées dans le roman.
- La scène où Tyler se fait tabasser par le patron du sous-sol (dans le film) n'existe pas ici. Il s'agit dans le roman de son patron, chef d'un syndicat de projectionnistes. Idem lorsqu'Edward Norton se fait "tabasser" par son patron de bureau, ici c'est par un restaurateur.
- Dans la scène de l'accident de la route, dans le film, Tyler est présent dans la voiture. Ici non. Mais les complices de Tyler (les Singes de l'espace) offrent un gâteau d'anniversaire au narrateur.
- Les Singes de l'espace réalisent des sacrifices humains, au lieu de simplement provoquer des gens dans la rue.
C'est la fin du film qui diffère le plus du roman :
- le narrateur tente de ne plus dormir avec l'aide de Marla en se bourrant de cachetons.
- Il a une grande discussion avec Marla qui n'existe pas dans le film.
- Les ravages causés par les combats sont bien plus impressionants dans le roman. Le narrateur termine l'histoire avec un trou énorme dans la joue suite à un combat trop violent.
- La toute fin est très différente et bien moins floue. La scène du building n'existe pas. Dans le roman, le narrateur est enfermé dans un hôpital psy. Un infirmier vient le voir pour lui confirmer que le plan est toujours en cours d'éxécution.

Et n'oubliez pas : la première règle du Fight Club est on ne parle pas du Fight Club...

Edition Folio SF
ISBN : 2-07-042240-2
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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 19:09
de Timothy Zahn

Attention, si vous avez l'intention de lire ce livre, j'en dévoile ci-dessous la fin.

Ca y est, je suis venu à bout du troisième volet de la suite de la Guerre des étoiles !
Et croyez-moi, ce fût non sans peine avec ces 380 pages écrites toutes petites dans la version poche ! J'ai depuis entamé la lecture de Fight Club aux éditions J'ai Lu, et à côté, avec ses lettres énormes, c'est un véritable plaisir pour la rétine.

Allez, j'arrête de faire mon grognon, promis. L'Ultime Commandement, c'est donc la fin des aventures de Leïa, Yan Solo, Luke Skywalker et cie contre le méchant Amiral Thrawn et le Jedi Fou C'Baoth. Tout ce beau monde se retrouve sur la panète Wayland, qui contient la machine à clonage conçue par l'Empereur et que Thrawn utilise à des fins militaires pour déstabiliser la République. Et Mara Jade qui navigue toujours en eaux troubles entre son désir de se venger de Luke et rejoindre les héros...
Ce troisième livre propulse donc toutes les forces en présence dans une confrontation qui déterminera l'avenir de la jeune Nouvelle République.

Dans la première partie du roman, Timothy Zahn achève de déplacer ses pions sur l'échiquier avant de les faire se confronter dans une seconde partie enthousiasmante car rythmée. J'aurais presque souhaité quelque chose d'encore plus grand, d'encore plus énorme, mais le combat final entre Luke et C'Baoth est intéressant car l'occasion pour l'auteur de nous réserver une jolie surprise tout en reliant la saga aux films de la première trilogie.

Reste que j'ai un un regret : la fin de l'Amiral Thrawn, expédiée en quelques pages alors que je rêvais d'une belle bataille avec le groupe des héros. Dommage, il disparait un peu rapidement, parce qu'il faut bien finir le bouquin. Et surtout parce que C'Baoth, justement pas très présent sur l'ensemble des trois livres, tire toute la couverture à lui dans le final.

Enfin, ce troisième roman est l'occasion pour Timothy Zhan d'introduire dans la saga Star Wars les enfants de la Princesse Leïa et du contrebandier au grand coeur Yan Solo. Leur destin sera d'ailleurs décrit dans le détail dans d'autres romans Star Wars.
Mais après plusieurs semaines de lectures avec des sabrolasers et des vaisseaux en hyperespace, j'ai décidé de changer de style de roman, la saga Star Wars attendra donc un peu. Rendez-vous bientôt avec ce coup de poing littéraire qu'est Fight Club.

Editions Pocket
ISBN-10 : 2266079050
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