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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 20:28
Le dernier film de Daren Aronofsky ne ressemble pas du tout à ce que ce réalisateur nous a habitué jusqu'ici c'est-à-dire des films très travaillés visuellement (Pi, Requiem for a dream, The Foutain).

Sur The Wrestler on a le sentiment que le réalisateur a décidé d'abandonner son travail sur l'image pour se concentrer sur un portrait de Randy "The Ram" Robinson, catcheur minable dont la carrière est derrière lui. Après un combat musclé, Randy a une crise cardiaque. Le verdict médical est alors sans appel : Randy doit quitter définitivement le ring et prendre sa retraite. Une nouvelle terrible pour un homme qui vit par et pour le catch.

Randy croise la route de Cassidy, effeuilleuse dans un bar à strip. Montrer ses muscles sur le ring , exhiber son corps dans un lapdance ; finalement c'est le même combat : le choix des protagonistes de The Wrestler n'est pas un hasard. Cassidy, la stripteaseuse, est le reflet de Randy, avec les mêmes blessures internes, comme s'ils montraient leurs corps pour se protéger.

The Wrestler démarre par 20-30 minutes de catch un peu longuettes. Oui il faut montrer que le catch est à la fois du sport et du théâtre. Oui il faut bien montrer les arrangements entre amis, les mauvais coups, le dopage... C'est pour mieux  ensuite partir vers autre chose, vers une fenêtre ouverte à travers la toile sur une tranche de vie  saisissante. Car il arrive un moment dans le film où il cesse d'être un film, et parvient à nous faire croire qu'on assiste à un bref moment de vie tout simplement. Un moment de grâce sublime, trop rare au cinéma pour être oublié. La suite est à l'avenant : Randy va tenter de se retrouver une place dans notre société, et dans sa famille. Mais il n'est pas simple de renouer des liens avec sa fille.

The Wrestler nous montre un Randy "The Ram" attachant et anachronique : il écoute du métal des années 80, jouent à de vieux jeux vidéo. La scène de réunion des anciens catcheurs est bluffantes : Randy se rend compte en parcourant la salle du regard qu'il est dépassé. Poignant. Et de nombreuses scènes seront ainsi jusqu'à une conclusion magnifique, portant par un "Sweet Child O' Mine" des Guns 'n Roses parfait.

Un mot sur le duo d'acteurs : Mickey Rourke est parfait et Marisa Tomei émouvante.

The Wrestler est un film bourré d'émotion, parfaitement maîtrisé, d'une qualité si rare dans le cinéma actuel qu'il en devient précieux. Un film qui m'est resté longtemps en tête. Le film de l'année ?
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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 14:05
Attention film choc : il est des films qui vous marque, Martyrs en fait parti.

Dans les années 70, Lucie, 10 ans, est séquestrée et torturée pendant plusieurs mois. Son corps porte les marques de coups, de torture, mais pas d'agression sexuelle. Elle parvient à s'échapper et se retrouve placée en centre psychiâtrique et elle se lie d'amitié avec Anna, une fille de son âge.
15 ans plus tard, de nos jours. Lucie déboule dans un pavillon ordinaire, et assassine sauvagement une famille ordinaire. La raison ? Elle est persuadée qu'il s'agit de ses tortionnaires. Anna la rejoint et va tenter de l'aider...


Martyrs ne m'a pas laissé insensible, bien au contraire. Je ne suis pas friand des films du genre Saw pour 2 raisons. D'une, voir des personnes se faire torturer, c'est pas mon truc. Deuxio, le scénario est souvent débile. Le cas de Martyrs est bien différent, car l'intrigue, même si elle comporte quelques faille, est intéressante et originale (mon petit résumé ne dévoile en fin de compte absolument pas les tenants et aboutissants de l'histoire).

Pascal Laugier découpe ce huit-clos en deux parties.
La première développe la relation entre Anna et Lucie, et surtout la santé mentale fragile de cette dernière. C'est violent, sauvage, prenant et ça dure environ une heure et c'est très rythmé.
La seconde expose la lente descente aux enfers d'Anna. Là, le film est devenu pénible pour moi à regarder. Non pas qu'il soit mauvais, détrompez-vous. Mais c'était trop. Trop de violence, trop d'humiliation, trop de répulsion par rapport aux images et à l'intrigue. Je me suis senti sali par le film, comme s'il m'enlevait quelque chose. Sincèrement, je me suis surpris à regarder ma télécommande et à me demander si je devais continuer à regarder ce film. J'ai été au bout, mais ça a été pénible.

Car Martyrs parle dans sa seconde moitié de la souffrance comme moyen d'ascension, d'élèvation spirituelle ; et l'idée développée par Laugier, même si elle pêche un peu par manque de développement est surprenante. je me garderais de vous en dévoiler un bout. Seulement il y avait peut-être moyen de la développer sans choquer. Curieusement il y a tout de même une certaine retenue chez Laugier (pas d'agression sexuelle par exemple), et le film parvient tout le temps à ne pas sombrer dans le n'importe quoi genre "snuff-movie" (ces films où l'on montre de soit-disants véritables assassinats).

Martyrs m'a marqué parce qu'il me reste en tête après le visionnage. J'essais de comprendre, mais ça me met personnellement très mal à l'aise. La dernière fois que j'ai ressenti cela c'était à la lecture du roman American Psycho de Brett Easton Ellis.

Quoiqu'il en soit un film donc extrèmement violent, original, mais clairement pour un public très averti.
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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 11:57
Deuxième essai d'audio-critique, où j'ai pris un peu plus mon temps pour travailler le texte et les vidéos. J'espère que cela s'en ressent ! :o) C'est toujours réalisé sous Windows Movie Maker (il faut décidément que j'apprenne à faire ça sous Linux !). Pour la prochaine fois, je vais me doter d'un logiciel de montage.

Dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires, toute critique est bonne à prendre.

[correction du 11/06/09] Désolé, mon audio-critique est passée à l'as par Youtube, qui estime que je viole le copyright. Hum. Les seules images que j'utilisais étaient celles de la bande-annonce... Par contre bonne nouvelle le DVD du film est enfin sorti chez TF1 vidéo]

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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 17:20
La Mort en ligne est un film d'horreur réalisé par Takeshi Miike.

De nos jours, à Tokyo, une jeune fille reçoit un coup de fil sur son portable. Surprise : cet appel est daté... du lendemain. Lorsqu'elle écoute le message, elle s'entend en train d'hurler. 24 heures plus tard, cette jeune fille meurt, précisément à l'heure où l'appel a été effectué.
Quelques jours plus tard, nouvel appel sur le portable d'un ami de cette jeune fille. La malédiction est lancée : qui saura y échapper ?


Takeshi Miike réalise un film très classique pour qui a vu Ring, Phone ou Kairo. L'auteur ne s'en cache pas, il s'agissait bien de faire un film de genre qui répond aux attentes du public. Mais plutôt que de bâcler le travail, Miike réussit un film qui m'a vraiment mis mal à l'aise. Il faut dire que sur moi la recette fonctionne, Ring m'avait déjà pas mal stressé.

Comme pour Kairo, l'argument de cette malédiction qui se répand via le réseau téléphonique n'est qu'un prétexte à une histoire de spectres ; dans la dernière partie du métrage on en parlera très peu. En attendant Miike en profite pour transformer un objet commun et usuel en source de mort. Les éléments propres au portable sont bien utilisés : sms, sonneries personnalisées, vidéos, tout l'arsenal du portable y passe.

Mais Miike pousse son film un peu plus loin que l'histoire d'horreur banale. Mettons-nous un instant à la place d'une des victimes : je reçois un appel dans lequel je peux entendre les circonstances de ma mort ! Qu'est-ce que je fais ? J'essais d'échapper par tous les moyens. C'est ce que fait l'un des personnages, qui se retrouve sur un plateau d'une tv-réalités du genre "va-t-elle mourrir dans quelques minutes ?". On notera la critique cynique de la tv.
La conclusion de Miike est drôle... et effrayante à la fois !

Puis doucement Miike va clôre son film sur un schéma classique : confrontation au mal dans un lieu hanté (pour le coup un vieil hopital). Le tour de montagnes russes a fonctionné et malgré une fin un brin confuse, on est content parce qu'on a eu des sensations.

La Mort en ligne est un film d'horreur angoissant et efficace.

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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 10:17
Dans les années 20, le petit Walter Collins est enlevé. Quelques mois plus tard, la police ramène à Christine Collins son fils. Problème : ce n'est pas Walter. Mais les autorités persistent : il n'y a pas eu erreur, et insinue que Christine est folle...

Clint Eastwood est très productif ces dernières années. Le voilà en grande forme sur un film très classique dont l'histoire est inspirée d'un fait divers.

Ce qui m'a séduit dans L'Echange, c'est le clacissisme de la mise en scène. C'est propre, c'est beau, c'est simple mais élégant. La classe. Certes, j'aime beaucoup les films se déroulant dans les années 20-30, mais Clint a depuis longtemps montré ses capacités.

Et puis surtout, la capacité d'Eastwood a transformer un banal fait divers en réflexion plus générale sur notre société est passionnante. Car vous n'assistez pas vraiment à un simple étalage des faits dans L'Echange. Il y a bien tout un plaidoyé pour la lutte contre l'injustice et l'autorité corrompue. Comment ne pas être révolté par la mauvaise foi incroyable des forces de l'ordre ? Eastwood glisse ainsi progressivement vers une métaphore avant de refermer son film comme il a commencé : par les faits.

Seul réel bémol : le jeu d'Angelina Jolie, habituée à des rôles plus faciles (Tomb Raider, hum...), montre rapidement ses limites. Elle navigue entre le regard obstiné et les "je mets mes mains à mes lèvres pour montrer que je suis émue" ; c'est un peu léger. Mais rien qui ne saborde le film, heureusement.

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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 16:12
Je continue mon parcours dans la filmographie de Dario Argento avec la fin de la Trilogie des Mères : Mother of tears. Dans les années 70, Argento réalise Suspiria et Inferno, qui devaient connaître un troisième opus. Mais Argento, fatigué de se consacrer aux sorcières, décida de revenir à ses premiers amours, le giallo, avec Tenebre.
Et le maestro aura mis du temps à clore sa trilogie : c'est en 2007 que surgit Mother of Tears !

Sarah, étudiante en arts à Rome, ouvre par mégarde une ancienne urne funéraire. Pas de chance, elle réveille dans le même temps la plus mauvaise des sorcières : Mater Lacrimarum ! Alors que tout ce que le monde comporte de sorcières rapplique à Rome, que les sbires de la Mère assassinent sauvagement les alliés de Sarah, et pourra-t-elle vaincre les forces du Mal ?

Purge pour les uns, indigne de l'artiste pour d'autres, et réussi pour une petite poignée, Mother of Tears a divisé les amateurs de Dario Argento lors de sa sortie. Je comprends tout à fait les raisons : Mother of Tears est au mieux un film très maladroit.

Certains effets spéciaux sont très limites (les esprits) car trop visibles. Et paradoxalement il y a un gros travail sur les couleurs via l'informatique pour soutenir certains reflets ou nuances. Suspiria travaillait déjà sur la couleur, Mother of Tear poursuit cet héritage et l'image est souvent flatteuse.
Globalement l'aspect graphique est soutenu, Argento n'ayant jamais caché son admiration pour l'art pictural, art dont il s'inspire pour dresser des plans magnifiques. On regrettera juste qu'ils soient si peu nombreux et souvent accompagné de moments moins passionnants.
Les acteurs tout d'abord. La direction d'acteur est franchement défaillante avec des acteurs soient en roue libre (Asia Argento, risible par moment) soit sous exploités (Udo Kier en prêtre exorciste rapidement disparu).

Mais est-ce que ça en fait un mauvais film pour autant ? Non.
Dario Argento réalise ici un film très obscur, car il choisit (ou pas) de ne pas tout expliquer et laisser dans le flou pas mal d'éléments. Aussi il faudra revenir sur le film attentivement pour en cerner tous les enjeux, car Argento tisse et imprègne son métrage de codes à déchiffrer et découvrir. Mieux : il instaure des moments tout à la fois sensuels et cruels, comme sortis de tableaux dantesques (le film est par moment très violent).

Peut-être s'est-il justement perdu dans ce travail d'orfèvre, oubliant probablement qu'il avait une histoire à raconter. Et quelle histoire ? Rien moins que la chute de la plus grande sorcière de tous les temps. Hélas, le film ne rend pas hommage à sa matière, tant la Rome supposée apocalyptique nous est peu montrée (un bébé à la flotte, 2 loubards qui pêtent un parebrise, quelques fous dans les ruelles romaines, c'est pas franchement l'idée que je me fais d'une ascension occulte...). Comme si Dario passait complètement à côté d'un film flamboyant, épique. Probablement qu'il n'aura pas eu les moyens : parfois le métrage fait un peu téléfilm, et c'est bien dommage.

Me voilà donc partagé : Mother of Tears est un film très délicat, souvent râté, parfois virtuose, qui tend le bâton pour se faire battre, mais qui recèle des idées et des plans magnifiques. Et la fin avec Sarah hilare me fait presque songer qu'Argento devait bien rire du désarroi qu'il allait susciter.
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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 11:07
Je partais sur un à priori très négatif sur ce film, suite à la lecture de pas mal de critiques assassinent : M. Night Shyamalan en avait quand même pris plein la tronche ! Faut dire qu'il n'avait pas été très tendre avec les journalistes dans son précédent film...

Philadelphie. Sans aucune raison, des gens commencent à se suicider en masse. Des centaines de gens se jettent des toits des immeubles, s'enfoncent des couteaux dans la gorge, prennent une arme et se tirent une balle dans la tête les uns après les autres. Le phénomène se propage rapidement, à commencer par les grandes villes.
Eliot Moore (Mark Walhberg, aussi charismatique qu'une serpillère) est professeur en science à la faculté ; comme tout le monde, il se dépêche de rejoindre son épouse (Zooey Deschanel, cocotte comme tout) pour fuir en compagnie d'un ami vers la campagne...


Alors qu'est-ce que ça vaut ce film à la fâcheuse réputation ?
Et bien en fait c'est pas mal du tout.

Ce que j'aime chez Shyamalan c'est que sa réalisation fleure bon le classique instantanné : c'est joli sans en faire trop, et puis il y a un brin de sollennelité cinématographique qui me plait. Sur Phénomènes, cela fonctionne à nouveau, surtout qu'il s'est débarrassé de sa marque de fabrique, le twist tout naze. Non parce qu'autant dans 6ème sens, j'avais été surpris, autant depuis Incassable, soit c'est tout nul (j'avais deviné la fin après 20 minutes de métrage), soit de toute manière on s'en fout (Le Village et sa fin toute mauvaise, bouhh aaaarghhh - oui j'aime les onomathopées). Et dans Phénomènes, rien. Pas de twist soit disant renversant, Shyamalan est devenu sobre et ça lui réussi bien.

Phénomènes est un road-movie : on suit le couple et la fillette sur les routes de campagne d'une Amérique en plein chaos, en pleine destruction. Shyamalan profite pour intégrer à son film une petite charge contre nos moyens de communication si high-tech et qui finissent par nous nuire plus qu'autre chose : quelle scène que cette mère qui entend la mort de sa fille par son portable ! Eprouvant. Les médias diffusent des informations que les journalistes n'ont pas vérifié, et sèment la panique la plus complète. Bref rien ne vaut la bonne vieille discussion face à face, dans Phénomènes !

Attention, ce chapitre dévoile la raison de tous ces suicides, donc si vous ne voulez pas savoir le fond de l'histoire, sautez jusqu'au chapitre suivant.

C'est bon, vous avez vu le film (ou vous vous en foutez, et voulez connaître le pourquoi du comment), ok. Alors donc c'est les arbres et les plantes qui foutent la pagaille partout et produise des toxines qui poussent les humains à se suicider. Pourquoi ? Parce qu'elles ont peur, qu'elles ont assez de l'humanité, plus précisément des groupes d'humains importants. Seule solution pour survivre ? Se séparer en tout petits groupes, voir même rester seul dans son coin. Et Shyamalan de nous pondre une scène hallucinante des héros fuyants devant le souffle du vent. Fort ! A la limite du ridicule, mais fort !

Et reste, la fin. Oulah que j'ai craint longtemps le happy end débile façon Guerre des Mondes de Spielberg. Alors oui, il y a bien quelque chose dans ce goût-là, dans une moindre mesure, mais Shyamalan conclut son film sur d'une manière pessimiste au possible (bon c'est The Myst non plus, hein).

Bref, bien loin de la daube annoncée, Phénomènes est un bon film d'apocalypse, rudement bien fichu, auquel il ne manque qu'un peu de hargne pour définitivement séduire. Mais il marque surtout le retour d'un réalisateur auquel je ne croyais plus. Je suis curieux de voir son prochain métrage du coup.
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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 09:49
L’avantage avec les congés c’est qu’on a du temps pour mater des films l’après-midi. Alors autant en profiter pour explorer un peu plus la filmographie de Dario Argento : Les Frissons de l’Angoisse (Profondo Rosso), Inferno, Ténèbres (Tenebre) et Phenomena.
Et Au lieu de vous faire quatre reviews, je vous fais un prix de gros !

C’est curieux car sans l’avoir fait exprès, voilà une alternance régulière entre le giallo et le film fantastique. Nous sommes à la fin des années 70/débuts des années 80 et Argento semble chercher sa voie entre les deux styles.

Dans Profondo Rosso et Tenebre, nous suivons à chaque fois un personnage-artiste (respectivement pianiste et écrivain) qui se lance sur la piste d’un tueur maniaque. Comme toujours, le plaisir du film est de se laisser prendre dans les nombreuses fausses pistes tout en essayant de trouver l’identité du maniaque (ganté de cuir noir, forcément).
Considéré par beaucoup comme le chef d’œuvre de Dario Argento, Profondo Rosso m’a laissé un peu sur ma fin : j’ai eu le sentiment que le film manquait de rythme, mais cela est sûrement du à la version longue que j’ai visionnée (15 minutes en plus par rapport à la version salle). Il en reste tout de même un très beau film à la réalisation maîtrisée de bout en bout.
Tenebre m’a plu car il ressemble à une vraie déclaration d’amour au genre : meurtres saignants et révélation finale incroyable. Un film qui résonne un peu comme un aboutissement du genre giallo, comme si Argento avait voulu faire le giallo ultime. Si tout n’est pas réussi (quelques longueurs encore une fois), les meurtres sont étonnants de sauvagerie (si on resitue le film dans le temps). Il y a probablement matière à analyser le film, tant Argento joue sur les faux-semblants.

Les deux autres films appartiennent au registre fantastique-horreur et met à chaque fois en scène une jeune fille en proie à des forces surnaturelles. Dans Inferno, elle affronte une sorcière dans un vieil immeuble new-yorkais (tout comme dans Suspiria dont il est la suite indirecte : Argento conclue la saga des 3 Mères dans Mothers of Tears, dont la réputation est affreuse). Le réalisateur peine à se démarquer réellement de Suspiria, dont l’ombre étouffe tout le métrage tant le film était réussi. Inferno est donc un brin en dessous, même si l’évocation de ce vieil immeuble « hanté » par l’une des Trois Mères ne manque pas de charme.

Enfin, Phenomena. Ca a longtemps été un fantasme cinématographique pour moi. J'avais une cassette vidéo de From Beyond (de Stuart Gordon) et avant le film il y avait la bande-annonce de Phenomena. Je l'avais toujours trouvée étrange, et j'avais toujours voulu le voir.
Dans Phenomena donc, la jeune Jennifer Connelly recherche un dangereux maniaque dans les Alpes suisses alors qu’elle possède le pouvoir de communiquer avec les insectes. Si le mélange fantastique/giallo ne fonctionne pas tout au long du film (le lien entre Jennifer et les insectes est mal traité je trouve), on passe un bon moment. A noter une scène bien crade, lorsque Jennifer plonge dans une piscine remplie de cadavres en décomposition !
La musique de Phenomena est envoûtante et colle à l’ambiance. On notera que Iron Maiden et Motorhead y font un petit cameo musical. Argento a toujours bien su choisir ses bandes sons (même si le volume est parfois déséquilibré, sur Suspiria par exemple) et je vous invite à regarder quelques vidéos sur Youtube assez instructive (mais en italien sans sous-titre) : C. Simonetti nous parle de son travail sur Phenomena et de Profondo Rosso

Apparemment après le manque de succès de Phenomena, Argento prendra un peu de recul et reviendra dans son film Opera. L’occasion d’une prochaine critique.
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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 21:41
En ce moment, c’est ma période Argento.
Aujourd’hui : « Le Chat a neuf queues » !

Dans un centre de recherche, un scientifique est retrouvé assassiné.
Un journaliste s’intéresse à l’histoire et entreprend de retrouver l’assassin ; il est aidé par un vieil aveugle.

Bon disons-le tout net et sans ambages : ce « Chat à neuf queues » ne m’a pas emballé !

La faute à une intrigue qui hésite beaucoup trop entre le film d’horreur, le thriller ou le policier. Et à force d’hésiter, et bien le film perd tout le rythme qu’il aurait pu avoir. Oh, il y a de bonnes scènes, comme celle du lait empoisonnée ou bien la poursuite finale sur les toits. Mais le film tergiverse un peu trop pour qu’on se sente transporté.

Le duo de personnages principaux, le journaliste beau gosse et le vieil aveugle, fonctionne très bien car ils sont opposés mais complémentaires.

Alors on retrouve bien par moment la "patte" Argento : les héros qui utilisent leurs sens ou leur mémoire pour repérer un infime détail, et un amour pour les scènes sanglantes (bien rares dans le film). Reste que la réalisation est trop timoré, on aimerait de grandes envolées, et ça ne vient pas. Alors on se contentera de cette histoire à base de génétique (en avance sur son époque, même si ça reste un prétexte).

Un Argento mineur, pas très motivé ni motivant, et loin de la fulgurance de « L’Oiseau plumage de Cristal ». Mais un Argento médiocre vaut bien d’autres réalisateurs.
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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 15:33
Après « L’Oiseau au plumage de cristal », je poursuis ma découverte du cinéma de Dario Argento. Un gros morceau cette fois-ci : « Suspiria » !

Suzy (Jessica Harper), une jeune danseuse américaine, débarque à Fribourg pour suivre des cours intensifs de danse au sein d’une prestigieuse école. Mais rapidement la jeune femme se rend compte que quelque chose ne va pas : dès son arrivée, une élève est sauvagement assassinée par un maniaque. Rapidement, une ambiance lourde et trouble va s’installer sur l’école, et les évènements macabres ne vont pas manquer de se succéder. Suzy parviendra-t-elle à résoudre se mystère ?

Suspiria se ressent plus qu’il ne se regarde.
La musique des Goblins contribue en partie à créer une atmosphère inquiétante, à base de feulement, de cris, et de bruissements que vient percer un thème mélodieux et envoûtant.
Au-delà de la musique, c’est la couleur qui frappe à la vision de Suspiria : quel choc visuel ! Argento ose des couleurs très soutenues (bleu, rouge, ou vert) qui viennent nimber le décor et renforce l’ambiance fantastique du film.

Et, après la vision de « Suspiria » et de « l’Oiseau au plumage de cristal », se dessinent plusieurs constantes dans le cinéma d’Argento.

L’importance du décor.
Dans « L’oiseau… », je me souviens de la scène avec cet escalier qui monte de manière triangulaire et qu’Argento avait pris un malin plaisir à mettre en avant. Dans « Suspiria », TOUTE l’école de danse est un décor fabuleux, baroque, et flamboyant ; un terrain d’exploitation propice aux expérimentations du réalisateur.

L’importance d’un détail dont il faut se rappeler.
Rappelez-vous dans « l’Oiseau… », c’est la scène d’agression qui est la clé de l’énigme. Ici, les propos que tient la première victime lorsqu’elle croise Suzy permettront à cette dernière de pénétrer au cœur du mystère.

La violence et la sang.
Argento aime filmer le sang, quitte même à saturer la couleur. Les meurtres sont toujours spectaculaires, j’en veux pour preuve le premier double-assassinat, saisissant.

Les références à Hitchcock.
Argento semble vouloir dans les deux films rendre hommage. Dans « Suspiria », il filme un siphon de la même façon qu’Hitchcock à la fin de sa célèbre scène de la douche.

Et plus je regardais Suspiria, et plus je pensais au Shining de Stanley Kubrik. On y retrouve des atmosphères qui se ressemblent (enfermement dans un lieu unique, la menace ancestrale, importance de la mise en scène, caméra flottante et hyper-dynamique), et je me demande si Kubrik n’aurait pioché allègrement.

Quoiqu’il en soit, Suspiria est un film magnifique, un choc visuel. Et si vous avez la chance de vous procurer l’édition spéciale « Les Introuvables Fnac », n’hésitez pas : non seulement vous profiterez d’une version remarquablement remastérisée et aussi de bonus très intéressants (intervention de Jean-Baptiste Thoret, interview…). Passionnant de bout en bout.


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