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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 09:30

lhommedeshautesplaines01L'Homme des Hautes Plaines est le deuxième film de Clint Eastwood. Révélé au monde entier     grâce par le western spaghetti (merci Sergio Leone), il semblait légitime qu'Eastwood rende hommage au genre très tôt dans sa carrière de réalisateur.

Mais au lieu d'un banal western, le jeune cinéaste ne va pas cesser d'alterner entre classicisme et originalité.

 

Un cow-boy solitaire (Eastwood, évidemment) arrive à Lago, une petite et opulente ville côtière. L'arrivée de l'Etranger suscite rapidement l'attention de quelques jeunes bandits qui terminent rapidement en cadavres. Et lorsqu'une belle demoiselle s'insurge de la sauvagerie de cet Etranger, ce dernier l'attrape et la viole dans la première grange venue !

Shocking ! Qu'arrive-t-il donc au père Eastwood ?

Que se passe-t-il ? Cela fait à peine un quart d'heure de métrage et l'on baigne dans une ambiance étrange, L'Etranger semblant être venu à Lago avec un objectif bien précis : se venger de 3 bandits qui ont fouetté à mort un homme ici-même il y a quelques années.

Les notables de la ville ignorent tout des plans de l'Etranger, et estiment qu'il est le plus à même de les  protéger de ces mêmes bandits. Illico, ils l'embauchent et le nomme shérif, prêts à tout qu'ils sont pour obtenir une protection salvatrice.

 

L'Homme des Hautes Plaines démarre donc sur une intrigue classique : le cowboy qui protège la ville contre des malfrats. Les amateurs penseront de suite à Une poignée de dollars et Pour quelques dollars de plus. Les trois films partagent le même héros crasseux, cynique, violent et solitaire.

 

lhommedeshautesplaines02

Mais Clint Eastwood introduit rapidement des éléments surnaturels dans un film à priori bien balisé. Générique : un cowboy apparaît (littéralement) d'un mirage. Les premières notes de musique sont très éloignées d'un Ennio Morricone : il s'agit de nappes sonores mélancoliques qui petit à petit cèdent la place à une musique un peu plus western.

 

L'homme solitaire arrive à Lago, un village côtier, emplacement assez rare dans le western où l'on est habitué depuis trop longtemps au poussiéreux villages perdus dans le désert. L'Étranger commence par traverser un cimetière, puis suit la rue principale du village, sous les yeux intrigués des villageois. L'homme dérange l'ordre bien établi. Un ordre d'ailleurs assez propret, puisque la ville donne une sacrée impression de neuf et d'opulence (et pour cause, elle a été entièrement créée par les décorateurs du film, un poil pris de court). Les magasins sont remplis, les villageois propres sur eux et, seul un nain apporte une touche d'étrangeté dans le tableau.

 

Et puis intervient au bout d'une demi-heure la scène clé du film, celle qui permettra la compréhension de l'ensemble : l'Etranger nous semble rêver. Il voit un homme se faire fouetter à mort par 3 truands, et aucun villageois de Lago ne vient l'aider. La scène est capitale, car on comprend que l'Etranger vient se venger de la mort de cet homme (sans qu'on ne sache alors son identité, ce qui va être tout l'enjeu du film). Les notables se sont plantés, l'Etranger est là non seulement pour tuer les trois criminels, mais pour punir ces villageois qui n'ont rien fait pour protéger la mystérieuse victime.

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Et L'Etranger de tourner en ridicule chaque notable ; de nommer le nain shériff et maire de la ville ; et d'essayer de les entraîner au maniement des armes (sans grand résultat). Il fait même repeindre toutes les maisons en rouge, et fait écrire « Hell » (L'Enfer) sur le panneau à l'entrée de la ville. Vision dantesque d'un village de western couvert de rouge !

 

Et lorsqu'il a bien tourné ce petit monde en ridicule, les trois criminels arrivent. L'Etranger surgit alors d'entre les flammes qui ravagent la ville et attrape, un par un , chacun des tueurs. Sa vengeance ira jusqu'au bout : implacable, il trucide les trois assassins.

 

La fin du film est on ne peut plus claire : Eastwood traverse la rue principale dans le sens inverse, passant devant des villageois sales, voire infirmes, et des bâtiments en ruine. Il repasse par le cimetière où le nain travaille sur une tombe (celle de l'homme qui a été assassiné). Le nain lui demande (dans la version originale) : « Mais au fait tu ne m'as jamais dit ton nom ? » et Clint de lui répondre « Pourtant tu le connais bien ». Gros plan sur la tombe : Jim Duncan, l'homme mort il y a quelques temps. Et l'Etranger de disparaître littéralement dans un mirage.

Clint Eastwood signe donc un western fantastique, avec cette âme vengeresse qui se réincarne pour se venger de ses anciens tortionnaires.

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La version française du film réserve une surprise de taille, puisque les traducteurs, sans doute affolés devant tant d'originalité, ont choisi d'essayer de supprimer toute dimension surnaturelle au film, puisque ce dialogue est radicalement différent :

« Mais au fait tu ne m'as jamais dit ton nom ? 

- Tu le connais bien pourtant. C'est celui de mon frère. »

Et hop ! Ni vu ni connu, les traducteurs décident de lever l'ambiguïté. En gros, le public n'est qu'un ensemble  de crétins incapables de saisir la dimension fantastique du film... alors autant la supprimer, même si c’est pour rogner la cohérence du film.

 

Un bel exemple méconnu de traduction qui vient trahir le propos d'origine, qui ne doit pas faire oublier la qualité générale du film, annonciateur d'une formidable carrière de réalisateur.

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 17:19

Vous avez craqué pour un magnifique ordinateur portable équipé de Windows Seven (ou Windows 7, c’est comme vous voulez). Une fois passé les premiers moments d’émerveillement (oh, qu’est-ce qu’il est beau ! Oh, qu’est-ce qu’il est rapide !), c’est le drame : vous vous rendez compte qu’il n’y a pas de modem 56kbps intégré dans la bête de course ! Et bien entendu, vous résidez dans une région qui n’est pas encore desservie par le haut-débit. Panique : comment allez-vous pourvoir vous connecter ?

C’est le problème qui est arrivé à mes beaux-parents à Noël dernier. Le vendeur de chez Boulanger, le conseiller Orange, et un technicien du coin l’ont tous affirmé : impossible de connecter un PC portable sous Windows 7 en bas débit. Quand j’ai entendu ça, j’ai failli éclater de rire. J’ai rassuré mes beaux-parents, et vous aussi par la même occasion si cela se trouve : il est tout à fait possible d’utiliser une connexion bas débit sur un portable équipé de Windows 7. Mais ça n’est pas très simple, et il faut chercher un peu pour trouver la solution.

Premier problème : trouver un modem.
Impossible de prendre n’importe quel vieux modem 56kbps, tout simplement parce qu’ils se branchaient sur le port série. Et le port série n’existe plus depuis quelques temps sur les portables. Résultat : il faut chercher un modem USB.
Second souci : on ne peut pas utiliser n’importe quel modem USB ! Il faut en trouver un dont les pilotes sont compatibles avec Windows Vista, et donc indirectement Windows 7 (Windows 7 est construit sur la même « base » que Vista, et les pilotes en général sont souvent comptibles de Vista à 7 même si ce n'est pas toujours vrai).

Après un peu de recherches, on finit par trouver le Saint Graal : l’Olitech Speedcom USB V92 ready V4. Croyez-moi : ça fonctionne. Vous pouvez en dénicher un dans cette boutique pour la somme de 60 euros environ (hors frais de port). [correction du 12 décembre 2011 : le prix a baissé depuis la rédaction de cet article - une trentaine d'euros - et son aspect a changé]
832100Vous l’avez, c’est bon ? Alors on commence par brancher le modem sur le port USB de son portable, et l’on branche l’extrémité de l’autre câble à la prise téléphonique. Miracle ! Windows 7 reconnaît le modem et installe les drivers directement sans intervention de votre part. Je ne sais pas si les fonctions Fax, modem et cie fonctionnent avec Windows 7, car je n'ai pas essayé.

Ensuite, il faut configurer la connexion internet bas débit manuellement.

Pour illustrer les manipulations, j'utiliserai des photos d'écran de Windows Vista. Tout simplement parce que je n'ai pas d'ordinateur avec Vista sous la main, et ensuite parce que les photos sont toutes tirées de la page d'assistance de chez Orange (ceux-là même dont les techniciens vous disent qu'il n'est pas possible de configurer du bas débit sur Windows 7, bref...). De toute manière, les manipulations sont identiques, et de mémoire, les écrans aussi.

Avant tout, munissez-vous de votre identifiant de connexion et de votre mot de passe de connexion fournis par votre prestataire de connexion internet (vous avez reçu un courrier les rappelant lorsque vous vous êtes abonné). C'est bon, vous les avez entre les mains ? C'est parti !

Allez hop faites donc Démarrer puis Panneau de Configuration.
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Puis dans la rubrique Réseau et Internet, cliquez sur Se connecter à Internet .
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Dans le panneau suivant, choisissez Accès à distance.
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Dans le panneau suivant, il faut remplir le formulaire avec les informations fournies par votre prestataire.
Pour information, si vous êtes abonné Orange (anciennement Wanadoo), le numéro de téléphone d'accès à distance est (à l'heure où j'écris cet article) le : 0860888080. Saisissez-le sans espace, sans point, tel quel.
Cochez la case Afficher les caractères, pour ne pas vous tromper lorsque vous saisirez votre mot de passe.
Dans Nom de la connexion, vous pouvez mettre ce que vous voulez, comme par exemple Accès Bas débit Orange. C'est le nom de votre connexion internet sur votre ordinateur.

Un conseil : cochez la case Mémoriser ce mot de passe pour ne plus avoir à le retaper par la suite mais gardez précieusement votre courrier avec les informations importantes,çca pourra toujours être utile un jour. De manière générale, gardez TOUT ce que votre prestataire vous envoie, on ne sait jamais.
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Au final, vous devriez avoir un formulaire qui ressemble à ceci :
1840 image006
Terminez en cliquant sur Connecter en bas à droite. La connection se lance (pensez à vérifier que votre téléphone n'est pas décroché, on ne sait jamais, car sinon votre modem n'arrivera jamais à attraper la ligne téléphonique !).
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La  numérotation s'effectue. Avant, les modems faisaient des petits bruits stridents, mais le modem que je vous conseille est silencieux, donc pas de panique si il n'y a pas de bruit.

Enfin, vous devriez avoir le panneau suivant qui confirme votre connexion :
1840 image011
Vous pouvez cliquer sur Parcourir Internet maintenant pour vous lancer sur le web !

Reste à voir comment couper la connexion.
Vous pouvez très bien débrancher le modem, mais ça n'est pas une méthode très "propre". Autant demander à Windows 7 de couper de lui-même la connexion.

En bas à droite de l'écran, juste à côté de l'heure, vous avez un petit logo représentant une jauge. Faites 2 petits clics dessus. Dans le panneau qui vient de surgir, cherchez votre connexion (elle porte le nom que vous lui avez donné tout à l'heure, donc par exemple Accès Bas débit Orange). Vous l'aurez ensuite deviné par vous-même, il ne vous reste plus qu'à cliquer sur Déconnecter pour couper la ligne.

Voilà, à vous les joies des longues attentes devant votre écran, mais au moins ça marche, n'est-ce pas Messieurs les "dépanneurs" Oranges et autres "techniciens" Boulanger !

[ajout du 12 décembre 2011: Pour la petite histoire, 1 an et demi après l'écriture de cet article, France Télécom a ENFIN passé la ligne en haut débit ! Ouf ! Bon courage à tous les autres !]

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 12:13
deadsnowHoula, attention, voilà un film d'horreur norvégien. Que voulez-vous, actuellement, les pays nordiques ont la cote auprès des amateurs de frissons ! Mais ne nous emballons pas trop, car à bien y regarder, il s'agit d'un produit bien médiocre sous ses aspects de petits films d'horreur sympa...

C'est les vacances de neige pour 6 jeunes adultes norvégiens ! Ils rejoignent le coeur léger le chalet qu'ils ont loué, perdu au milieu des montagnes enneigées. Pas de chance : ils ont atterri dans une région hantée par des zombis, et de la pire espèce puisqu'il s'agit de zombis nazis revenus d'entre les morts pour récupérer leur trésor de guerre... C'est le début du massacre.

Dead Snow, c'est nul tout simplement. La première heure enchaîne péniblement tous les clichés du genre, rebattus depuis au moins trente ans. Le réalisateur glisse des références grosses comme un camion, ce dont on n'avait même pas besoin tant elles sont évidentes (Evil Dead et Braindead). Mais il ne suffit pas de servilement citer ces références pour obtenir un bon film. Donc durant une heure, il ne se passe pas grand chose, et l'on s'ennuie presque.

Puis les zombis arrivent et l'on se dit que ça va enfin commencer. Même pas. La plupart des scènes empruntent donc aux 2 grands ancêtres cités, mais jamais le réalisateur ne tente un quelconque truc original. Pire, les acteurs sont imbuvables, les scènes pas très logiques, et les raccords photo foirés.

Allez, il reste dans cet océan de vide deux passages un brin drôles. Le premier intervient lorsqu'un des personnages se défend avec un marteau et une faucille face à un zombi nazi qui tire la tronche. Le second, lorsque les derniers survivants se retrouvent face au big boss des zombis, après avoir vaincu une horde de morts-vivants. Et eux de dire un truc genre "on va se le faire, ce salaud !". Et ce dernier de crier "Resssuuurrrecction" pour lever une nouvelle armée de zombis. Ah ah ah. Voilà je vous ai spoilé les deux gags un semblant drôles du film, vous avez économisé une location. Merci qui ?

Fuyez.
N'essayez même pas de le voir.
Vous le regretteriez. Le cas typique du produit complètement foiré qu'on trouve trop souvent dans le cinéma d'horreur actuel.
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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 21:59
lanuitnousappartientCela faisait longtemps que ce film me faisait de l'oeil. Une bonne occasion d'acquérir la version DVD collector, et hop, c'est parti !

Nous sommes à New-York, à la fin des années 80. Bobby dirige une boîte de nuit à la mode, dans laquelle viennent s'amuser pas mal de trafiquants de drogue. Une bonne raison pour que personne dans son entourage n'apprenne que Bobby appartient à une famille de flics : son père et son frère travaillent tous les deux dans la police. Et comme lui dit son père : un jour tu devras faire un choix entre ta famille et ton entourage.
Alors quand son frangin lui demande de devenir indic, pour appréhender un trafiquant russe, la situation de Bobby se complique...


Lorsque je regardais La Nuit nous appartient, j'avais l'impression d'assister à un classique instantanné (sensation que j'avais déjà eu cette année avec Gran Torino, par exemple). James Gray qui s'était déjà fait remarquer il y a quelques années avec Little Odessa, réalise ici un polar de haute volée et très agréable.

Joaquim Phoenix réussit à incarner parfaitement Bobby, on y croit, il EST le personnage et sert beaucoup dans la réussite de l'ensemble. Les autres rôles sont bien choisis  : Robert Duvall dans le rôle du père et Mark Whalberg dans celui du frangin. Reste Eva Mendes, dans un rôle un peu trop léger, dans le sens où elle n'a pas un rôle très important.

L'ambiance années 80 est fidèlement retranscrite avec une bande-son de haute volée (vous l'avez en bonus dans la version collector du dvd chez Wild Side Vidéo).

On frissonne, on réfléchit à ce que l'on ferait à la place de Bobby, et le tout sans violence ni vulgarité.

Du bon et du beau polar comme j'aimerais en voir plus souvent. Immanquable si vous êtes fan du genre.
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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 22:08
Je me promenais au supermarché, je faisais mes courses, quand mon regard tomba sur la couverture de ce livre : "Guillermo Del Toro" écrit en gros. Pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme, apprenez que c'est un jeune réalisateur espagnol et qu'il a connu une ascension fulgurante ces dix dernières années dans le monde du cinéma fantastique. On lui doit notamment les très bonnes adaptations de Hellboy et le Labyrinthe de Pan, des films que je vous conseille vivement.
Ca ne pouvait donc qu'attiser ma curiosité.

Première surprise, il n'a pas écrit "La Lignée" tout seul, puisqu'un certain Chuck Hogan (à ne pas confondre avec le catcheur Hulk Hogan...), s'est joint à lui.

Bon ! pour tout vous avouer, j'ai tout de suite pensé qu'il s'agit d'un coup commercial, que Guillermo avait cédé à la tentation de gagner quelques dollars en inscrivant son nom en haut d'une couverture d'un livre écrit par un autre.

Et c'est peut-être ce qui s'est passé. Mais au final on s'en moque un peu puisque "La Lignée" n'est pas terrible et m'est tombé des mains au bout d'une centaine de pages.

L'intrigue de départ était pourtant pas mal : un avion atterrit à l'aéroport de New-York. Problème : depuis qu'il a touché le sol, on n'a plus aucun contact avec le personnel à bord ou avec les passagers, et pour cause, puisqu'ils sont tous morts. Hop, exterminés d'un seul coup, sans voir la mort arriver. C'est le début de l'enquête pour Ephraïm, le héros du roman, spécialiste dans les maladies infectieuses. Et l'éclipse solaire prévue pour le lendemain ne va pas arranger les choses. Et c'est tout de même curieux ce cerceuil rempli de terre dans la soute de l'appareil, non ?

Croyez-moi, j'ai essayé de m'interesser à cette histoire, mais le style des auteurs est venu à bout de ma patience. Il y a un paquet de remplissages dans le texte ; on sent que les écrivains ont écrit avec une encyclopédie ou Wikipedia sous la main. Détails de procédures, descriptions de matériel, et j'en passe, bref tout semble prétexte à remplir. Les 100 premières pages sont bien vides, surtout lorsqu'on commence à deviner qu'il s'agit d'une histoire de vampires.

Et là, tout s'éclaire : le début de "La Lignée" n'est qu'un remake modernisé du Dracula de Bram Stocker avec l'arrivée du Comte en Angleterre à bord d'un navire vide.

Les personnages sont inintéressants au possible : le gentil scientifique divorcé qui veut faire plaisir à son gamin ET son ex mais qui a une relation avec une de ses collègues, c'est d'un banal.

Et au fil des pages, les auteurs comblent, meublent, sans que rien ne vienne développer agréablement les premières pages, pourtant attrayantes.

En résumé, Guillermo Del Toro avait probablement une piscine à payer, et y a vu l'occasion de remplir son compte bancaire. Dommage, moi j'ai perdu mon temps et 20 euros.
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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 14:05
Non, le cinéma horrifique des années 80 n'est pas mort, et avec Jusqu'en Enfer, Sam Raimi vient nous le rappeler... gentiment.

Christine Brown travaille dans la branche immobilière d'une banque américaine. Elle brigue un poste plus important. Problème : elle est en concurrence avec un de ses collègues, et son directeur la juge trop indulgente avec les clients qui ont des soucis financiers.
Alors lorsqu'une vieille dame sinistre la supplie de lui laisser un délai de plus pour payer ses traites, Christine décide d'e ne pas être indulgente, même si cette dernière doit être expropriée. Hélas pour elle, la vieille en question est une terrible sorcière, qui, pour se venger, lui lance une malédiction : si rien n'est fait, d'ici 3 jours un démon l'emportera en enfer...


Evacuons d'emblée les défauts du film de Sam Raimi : les effets spéciaux numériques. Quel dommage d'avoir voulu presque tout faire en image de synthèse. Sam Raimi a démarré sur Evil Dead avec 2 bouts de ficelleet il en faisait des merveilles. Ici, tous les effets se voient comme le nez au milieu du visage et desservent complètement le film. J'en suis presque à penser qu'il aurait mieux valu ici les réaliser en direct sur le plateau, à l'ancienne. Au top des foirages : des geysers de sang (la scène reste drôle tout de même) et une biquette possédée par le démon (sic !).

Si l'on fait abstraction de ces défauts, Jusqu'en Enfer remplit parfaitement son objectif, être un agréable et sympathique film de série B d'horreur sans autre prétention que de vous faire sursauter et sourire. Car le cinéma de Sam Raimi, c'est un peu comme la fête foraine : il y a le train fantôme, le grand huit... On rit, on sourit, on sursaute ("Bouh !"), bref ça bouge, il y a de la vie. D'ailleurs l'heure et demi file très rapidement à travers une histoire rythmée, entièrement centrée sur les malheurs de son héroïne.

Et c'est la grande force de ce modeste film : il y a une intrigue, relevée de moments stressants, et de moments où l'on décompresse avec quelques farces. J'ai eu l'impression d'avoir 10 ans et de regarder Evil Dead II. Et pendant le film, je ne cessais de me dire que c'était tout de même bon, ce type de films. De nos jours, tout compte fait, le cinéma d'horreur se prend très et trop au sérieux avec des ambiances glauques, sombres, noires, et surtout des scènes de tortures complètement idiotes. Un peu comme si l'histoire n'avait maintenant plus d'importance, qu'il fallait montrer des corps en souffrance (sanguinolents,  déformés ou autres) et que cela suffisait. Il y a 20 ans, le cinéma d'horreur faisait dans la gaudriole et c'était en fin de compte bien plus drôle. Avant, c'était amusant, maintenant, c'est écoeurant. Merci au réalisateur de nous le rappeler !

Dernière remarque, on notera que le film est sorti en pleine crise des subprimes américaines. L'idée de montrer une employée de banque aux prises avec une malédiction n'est très certainement pas innocente. Et seul Sam Raimi, réalisateur de gros succès (la trilogie Spider-Man) pouvait se permettre une conclusion aussi radicale (attention spoiler : la toute dernière scène nous la montre emportée ... jusqu'en enfer !).

Raffraîchissant !
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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 10:12
de Joseph Delaney

Thomas Ward est le septième enfant d'une famille de fermiers. Son père étant lui-même le septième enfant de sa famille, la tradition veut que Tom soit confié à l'Epouvanteur, un homme chargé de protéger les citoyens des sorcières, gobelins et autres créatures de la nuit. Un sort qui n'est pas sans inquiéter Tom : s'accomodra-t-il d'une vie pleine de dangers, loin de sa famille ?
Rapidement, le jeune garçon se découvre un bon apprenti. Mais sa naïveté et son inexpérience l'amènent à libérer une terrible menace : Mère Markin, une effroyable sorcière...


L'Apprenti-Epouvanteur est un livre jeunesse, c'est-à-dire qu'il est plus destiné aux ados. Et pourtant, il est parfaitement lisible par un adulte, et c'est sa première qualité. Joseph Delaney ne tombe que très rarement dans la mièvrerie.

On suit avec plaisir le quotidien de Tom, qui nous sert de candide dans cet univers fantastique. Le monde n'a rien d'extraordinaire, si ce n'est qu'on n'arrive pas vraiment à situer la période de l'intrigue : elle se déroule environ entre notre XIème et XVème siècle ? Mystère. La géographie elle-même est découverte au fur et à mesure des avancées du héros.

L'Epouvanteur fait une bonne figure paternelle, et Delaney n'oublie pas de développer quelques mystères familiaux (la mère de Tom semble en savoir bien plus qu'elle n'en dit, par exemple).

L'histoire se lit bien, si bien qu'on arrive facilement à bout de ce premier volume. Et c'est presque son principal défaut : il manque un "je ne sais quoi" d'épique. J'ai l'impression que l'auteur n'ose pas se lancer complètement dans une grande histoire et se contente d'une petite intrigue vite résolue. Depuis la sortie du volume, l'Epouvanteur a connu son petit succès, si bien que de nombreux volumes sont maintenant disponibles et j'espère qu'une bonne grosse intrigue épique va se développer.

L'Apprenti-Epouvanteur constitue donc une parfaite lecture détente pour nous autres adultes. A suivre dans le deuxième opus, qui devra réussir à dépasser les limites du premier.

275 pages
Editeur : Bayard
ISBN-13: 978-2747017107
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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 14:18
Souvenez-vous : j'avais essayé il y a quelques mois de lire un polar "noir" avec un Raymond Chandler. Hélas, en m'embrouillant dans les noms des personnages et en ne lisant pas suffisamment attentivement, j'étais  un peu passé à côté. J'ai profité de la période estivale pour retenter l'expérience, avec un autre classique de la littérature policière, le premier roman de James Hadley Chase, Pas d'Orchidées pour Miss Blandish.

Nous sommes dans les années 30 aux Etats-Unis.
Une bande de voyous imaginent pouvoir réussir un bon coup : dérober un collier de diamant de grande valeur à la fille du richissime M. Blandish. Pas de chance pour eux, l'opération tourne mal : non seulement ils sont obligés de tuer le fiancé de la jeune femme, mais les voilà forcés de la kidnapper ! La perspective de faire chanter le père les arrange bien, si ce n'est qu'ils sont maintenant poursuivis à la fois par les fédéraux (pour le meurtre) et le gang de Maman Grisson, qui veut mettre la main sur le précieux collier...


Ce premier roman de James Hadley Chase (il y en aura plein d'autres tant il fut un succès) se lit presque d'une traite. Rapide, étonnament rythmé (pour un roman de 1939), et nerveux, ce livre est un très bon policier dans la mouvance "noir".

Curieusement, Chase choisit de ne pas mettre en avant les policiers et détectives, et ce sont bien les bandits qui tiennent ici la vedette. Chacun a son caractère bien trempé, et c'est une véritable galerie de gangsters que nous dépeint Chase, avec des stéréotypes qu'on aime retrouver : l'as de la mitraillette, le psychopathe qui joue du surin, la femme obèse chef de gang. Leur point commun ? Un langage cru et violent : la légende veut que Chase, anglais d'origine, ait écrit son livre avec un dictionnaire argotique sous la main. Curieusement, l'auteur n'a, lorsqu'il écrivit son roman, jamais mis les pieds aux States, mais on ne s'en rend jamais compte.

L'histoire est sombre, notamment à cause de ses personnages peu recommandables, et l'on s'interroge continuellement sur le destin de Miss Blandish (le titre nous renseigne finalement un peu sur son devenir). La première partie du roman est consacrée au kidnapping en lui-même et la façon dont le gang Grisson réussit son coup. La second met en avant un détective privé chargé de retrouver Miss Blandish. Curieusement, même à ce moment-là, on a le sentiment qu'il reste un personnage secondaire.

Pas d'Orchidées pour Miss Blandish me renoue avec le genre, et j'ai bien hâte de lire la suite que Chase écrivit une dizaine d'années plus tard : La Chair de l'Orchidée. A noter qu'une bonne partie des romans de James Hadley Chase sont republiés depuis quelques mois dans la collection Folio Policier.

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 16:05
Pour m'amuser un peu, je vais faire un copier-coller de la critique d'Aurélien Ferenczi dans Télérama (lire ici). Forcément Télérama n'aimant pas le fantastique (généralement) et encore moins les blockbusters ricains, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'on en dise du bien. Mais de là à tomber si bas...
 
"Prenez vos cahiers : leçon de vocabulaire. Pour les spécialistes anglophones, X-Men Origins : Wolverine est ce que l'on appelle un « spin-off ». Soit un récit dérivé d'une série, n'en reprenant qu'un personnage : ici, à l'affiche, un seul « X-man », Wolverine, super- héros incarné par Hugh Jackman aux costauds biscottos. Mais ce « spin-off » est en fait un « prequel », soit un récit fondateur précédant les films euh... qui lui succèdent : en l'occurrence, la naissance des X-men, superhéros dont Wolverine, y apprend-on, fut le précurseur, voire le père putatif.
Vous suivez ? Enfin, preuve de notre bilinguisme, pour les spécialistes francophones, X-Men Origins : Wolverine (quel titre !) est ce que l'on appelle une « daube », une « bouse » ou un « navet », suite de combats tonitruants entre personnages a priori immortels (d'où la durée desdits combats). Les Grecs avaient L'lliade, nous avons X-Men : est-ce à cela que l'on mesure la grandeur d'une civilisation ?"


Voilà une critique bien idiote (il y a un argument quelque part dans ce que vous avez lu ?), d'un critique qui a choisi de se faire plaisir en démolissant (bêtement) le film. Allez on va laisser là Aurélien Ferenczi, qui ne mérite toute réflexion faite que notre indifférence, pour se pencher plus sérieusement sur X-Men Origins : Wolverine (quel titre ! hé hé).

Le film nous propose de découvrir le passé d'un des plus vieux membres du groupe de super-héros : Wolverine. Nous découvrons qu'il était encore un  enfant au milieu du 19ème siècle (son pouvoir de guérison aidant à vieillir plus lentement), mais surtout qu'il avait un frère, Victor, lui même possèdant des pouvoirs mutants. Les deux frangins bourlinguent et participent à différentes guerres (1ère et 2nde Guerres Mondiales, Vietnam). Et ils finissent par mettre leurs talents au service d'un commando secret dirigé par un certain Striker. Mais Wolverine est agacé par le comportement de plus en plus sadique de son frère, et décide d'abandonner l'équipe. Hélas, Striker et ses hommes n'apprécient pas qu'on leur fausse compagnie, et décident de pourchasser notre héros...

L'objectif de ce film est de retracer le passé de Wolverine, personnage très apprécié outre-Atlantique, et indirectement montrer comment il finit par rejoindre le groupe des X-Men. La tâche est assez réussie, non seulement parce que "Wolvie" est celui qui a le plus de charisme du groupe mais aussi parce que c'est finalement le plus intéressant. Il y a en fait deux personnes en Wolverine : l'homme (civilisé, aimant) et la bête (sanguinaire, violente). Et depuis X-Men, le film de Bryan Singer, Hugh Jackman incarne parfaitement l'ambivalence du personnage : il est Wolverine sans discussion possible.

Pour les amateurs de comics, X-Men Origins : Wolverine permet de voir comment Hollywood adapte au grand écran des personnages plus secondaires du comics. Et là, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne ! Autant Gambit ou la Emma Frost sont assez fidèlement retranscrits, autant d'autres, Deadpool par exemple, n'ont plus rien à voir, à tel point qu'on pourrait parler de trahison du matériel d'origine. Dommage.

Autre souci : les problèmes de raccords entre ce film et X-Men. Qui parmi les néophytes va comprendre que Liev Schreiber (dans Wolverine) et Tyler Mane (dans X-Men) incarnent le même personnage, Victor Creed alias Dent de Sabre ? Pas grand monde, hélas. Qui va comprendre que le personnage William Striker, c'est aussi le vilain qui attaque les X-Men dans X-Men 2 (joué dans ce dernier par Brian Cox) ? Dommage que la production n'ait pas soigné les raccords.

Wolverine fait un peu cheap. C'est sympathique parce qu'on ne s'ennuie pas, parce que tout ne repose pas sur l'action (bien au contraire), mais il manque une bonne louche d'épisme pour qu'on soit séduit. En l'état, X-Men Origins : Wolverine est un agréable divertissement, une bonne série B pour un samedi soir pantouflard.

Dommage, parce qu'il y avait matière à faire mieux. Et... ouf parce qu'on aurait pu avoir bien pire (X-Men 3 par exemple) !
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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 11:37
J'avais râté à sa sortie le livre "Cinéma bis : 50 Ans de cinéma de quartier", alors quand j'ai vu cette suite débouler dans les rayons, vous imaginez bien, si vous suivez ce blog régulièrement, que je n'ai pas pu résister à l'achat.
 Je comptais faire un billet comme à mon habitude, et puis je me suis dis que je pourrais essayer d'interviewer son auteur, Laurent Aknin. Culottée, la Tortue !

A noter que le livre est en voie d'épuisement ! Le dernier fond de stock sort pour les fêtes en coffret couplé avec le premier volume en tirage numéroté... En voilà une bonne idée cadeau pour les cinéphiles !

545 pages
Editeur : Nouveau Monde Editions (paru le 15 mai 2009)
Collection : CINEMA
ISBN-10: 284736434X
ISBN-13: 978-2847364347


Avant de rentrer dans le vif du sujet, pourriez-vous rapidement présenter votre parcours professionnel et/ou personnel (à vous de voir) avant la publication de votre livre "Les classiques du cinéma bis" afin que mes lecteurs en sachent un peu plus sur vous ?

C’est difficile de résumer : je suis critique et historien de cinéma, et également enseignant, le tout en free – lance. J’ai une formation universitaire et j’ai écrit ma thèse sur le cinéma bis italien. J’ai aussi fait de la mise en scène, j’ai été membre du comité de sélection de la Semaine de la Critique à Cannes, et encore beaucoup  d’autres choses…

Comment est née l'idée de ce livre ? Aviez-vous déjà en tête ce projet lorsque vous avez entamé l'écriture de "Cinéma bis : 50 Ans de cinéma de quartier" ?

Non, en fait l’idée de ce livre est venue, d’une part du bon accueil réservé au premier et aussi d’une remarque que l’on m’avait fait plusieurs fois, à savoir que l’on aimerait en savoir plus sur certains films.Au départ, je pensais vraiment que « 50 ans ce cinéma de quartier » serait un bouquin unique. Le résultat est que le second est deux fois plus épais, ou presque…

J’imagine pourtant que lorsque le projet arrive sur le bureau d’un éditeur, ça ne doit pas terriblement l’emballer. Le cinéma bis, ça n’est pas spécialement porteur, si ?

Et bien, au contraire, l’idée a tout de suite emballé Nouveau Monde, qui avait déjà sorti un énorme Dictionnaire du Cinéma populaire français. En fait, c’est même l’éditeur qui a suggéré de faire un premier livre sur le cinéma bis mondial, alors que je ne pensais à l’origine ne faire un livre que sur le péplum ou le cinéma bis italien. Question de flair je suppose…

Le travail que vous avez réalisé avec Lucas Balbo semble titanesque. Je n'ose imaginer le nombre d'heures passées à visionner de vieux films. Certains sont peut-être même introuvables ? Quelle méthode avez-vous utilisé pour écrire ?
 
Tout d’abord, il a fallu dresser la liste des films retenus, liste qui a évolué au fur et à mesure que l’écriture avançait : on a éliminé des doublons, des redites. On a le plus possible tenté de revoir les films sélectionnés. Pour cela, la vidéothèque de Lucas Balbo, qui a un nombre considérable de VHS introuvables, a été précieuse ! Mais pour d’autres, il a fallu se baser sur la simple mémoire, aidée par les synopsis d’époque, ou les « Saisons cinématographiques ». Seuls deux films, et ils sont signalés, n’ont pas pu être vus, mais leur invisibilité même est la raison de leur présence dans le livre. Ensuite, c’était tout simplement un travail méthodique, fiche après fiche. J’ai relu ensuite l’ensemble pour harmoniser le tout.

 Que sont les « Saisons cinématographiques » ?

Ce sont des hors-séries annuels que publiait une revue de cinéma (« La Revue du Cinéma », tout simplement), qui recensaient tous les films distribués en France sur une année, avec fiche technique, synopsis, critique et index. L’ancêtre de « L’annuel » actuel. Ces volumes, désormais épuisés, sont une extraordinaire source documentaire (malgré des erreurs et des coquilles), et sont aujourd’hui très recherchés..

Il y a des informations invraisemblables dans votre livre.
On y apprend, par exemple, que la dernière apparition de Bourvil sur grand écran (dans un tout petit rôle) remonte à "Clodo", un film semi-pornographique.
Où avez-vous puisé vos informations ?

Croyez le ou non, mais ce film a connu, dans sa version non-porno, une sortie en VHS dans une collection fantomatique de cassettes immédiatement tombées dans les bacs des soldeurs… et je l’avais trouvée ! Je l’ai depuis léguée à Balbo. Ensuite, c’est juste un travail d’enquête et d’historien : vérification des numéros de visas, consultation du registre du CNC, croisement avec des articles de la « Saison cinématographique » etc..  C’est ainsi que l’on découvre que ce film était à l’origine un court - métrage… L’idéal serait bien sûr, pour chaque film de ce type, de retrouver les « témoins » et d’obtenir des entretiens… mais ce n’est pas toujours évident…

J'aime beaucoup le fait que vous ayez choisi un classement chronologique. On perçoit ainsi bien mieux l'évolution des modes dans le cinéma bis, et plus précisément italien. Péplum, western, érotique, post-apo. Vous l'aviez voulu ainsi à l'origine du projet? ou bien cela s’est imposé peu à peu ?

C’était à l’origine du projet, dès le début, c’était même le principal « concept » du livre. L’idée était de sortir du traditionnel « classement par genre » qui? dans le domaine du cinéma bis? n’a guère de sens puisque par nature il s’agit d’une forme de cinéma « impur » ; on peut mieux voir ainsi, tout simplement, ce qui était à l’affiche des salles de quartier à une époque donnée. Bien entendu, tous les membres fanatiques des diverses « chapelles » cinéphiliques (les fantasticophiles, les accros du western italien, les fans de cinéma asiatique) renâclent un peu devant cette méthode (ciel !  un « Hammer » au même rang qu’un porno-soft !), mais c’est pour moi la plus pertinente…

J’ai beaucoup apprécié qu’on ressente aussi un profond respect dans vos écrits, ce qui n’empêche pas un pointe d’ironie par moment. Il aurait été facile d'enfoncer les réalisateurs et acteurs, mais cela n'arrive jamais.

Tout simplement parce que je parle d’un cinéma que j’aime profondément et sincèrement…

Il y a 500 films dans votre livre et  j'imagine qu'il vous a fallu faire des choix. Est-ce qu'il y a des titres qui vous tenaient à coeur et que vous avez dû mettre de côté ? Lesquels ?

Ca, c’est la question la plus cruelle. J’aurais bien mis tous les films de Jess Franco, tous les films avec Klaus Kinski ou Gordon Mitchell, tous les péplums italiens… on s’est un peu débrouillé en citant de nombreux autres films à l’intérieur des notices consacrées aux 500 films choisis.

A votre avis, quels sont les pires navets du lot, ceux dont on pourrait dire qu’ils sont une vraie « épreuve cinématographique » pour le spectateur ?

Si je comprends bien votre question, il ne s’agit donc pas des navets jubilatoires, enthousiasmants, mais de ceux qui mettent le spectateur à l’épreuve, les « navets agressifs » en quelque sorte…

Tout à fait !

Il y en a au moins deux : Rivelazioni di uno psichiatra sul mondo perverso del sesso, de Renato Polselli, que je n’ai jamais pu voir en entier d’un seul coup. Et Poussez pas grand-père dans les cactus, de Jean-Claude Dague. Je me rappelle que la première fois que je l’ai vu (j’étais encore un gosse), les spectateurs sont allés engueuler la caissière et le responsable du cinéma à la fin de la séance….

Dans la préface, vous indiquez qu'il vous a été difficile de trouver des titres bis récents. Pensez-vous que le cinéma bis existe encore de nos jours ?

Peut-être dans une certaine « esthétique » maniériste, dérivée du cinéma bis authentique des années 70 et 80 (voir les films de Tarantino, la nouvelle école fantastique espagnole ou française, etc.) ; mais en aucune manière sur le plan économique, tant les réseaux de production, de distribution et d’exploitation ont changé en moins de 20 ans…

Quel regard portez-vous sur le cinéma fantastique international actuel ?

D’une manière générale, de genre « transgressif » le fantastique est devenu un genre « mainstream » et consensuel, voire réactionnaire… Twilight me désespère, tandis que John Carpenter ne tourne plus,, si vous voyez ce que je veux dire. C’est vraiment à la marge du genre, surtout du côté du gore, que l’on trouve encore de véritables pépites. Parfois aussi quand des scénarios se révèlent plus ambitieux, souvent quand ils proviennent de grands écrivains du genre : The Mist, Midnight Meat Train, les films japonais (qui sont en passe d’être aseptisés à leur tour), ce genre de chose… Mais bon sang, que tout cela est devenu sage, pantouflard… Qu’on aime ou pas, un film comme Martyrs, par exemple, c’est sacrément risqué, gonflé, ça secoue…mais c’est rare, et en plus ça prend un bide…
 
Je rebondis sur votre remarque sur Twilight. Effectivement, c’est médiocre mais en même temps ce type de film permet de créer une porte d’entrée vers le genre. Si j’avais démarré avec Martyrs, il est probable que je m’en serais détourné rapidemen,t vu la violence du film. Très clairement, Twilight n’est pas fait pour les amateurs du genre.

Une porte d’entrée, oui ! mais vers quoi ? En dehors des questions de violence, de gore etc…, Twilight est un film profondément réactionnaire, dans tous les sens du terme : moralement et politiquement. Que l’on compare ce film de vampires « pour ados » ou sur des ados,  avec une œuvre remarquable comme Morse et l’on verra l’abîme idéologique qui les sépare…

Si je peux me permettre une critique, pourquoi ce choix d'un vert (que je trouve affreux) dans la maquette ? Alors qu'un joli rouge sang aurait été finalement plus approprié, non ? :o)

 Ah, on en a beaucoup discuté, de ce vert ! Bon, le premier était rose, et on voulait rester un peu dans le « flash » et passer sur une teinte froide, donc pas de rouge (d’ailleurs j’aurais des doutes sur la lisibilité)… Et puis ça a un côté un peu agressif et surtout inhabituel. On avait essayé en bleu, mais c’était moins convaincant ! Pour un autre éditeur, je suis en train de corriger les épreuves d’un livre, sur lequel je n’ai pas vraiment de droit de regard sur la maquette, et je me retrouve avec ce classique jaune – orangé que l’on voit partout… c’est beau, c’est lisible, c’est classe, mais je m’en lasse un peu...

Un nouveau volume est-il prévu à l'avenir ? Et quels sont vos projets ?

Je termine donc un petit ouvrage sur le péplum, qui doit paraître cet automne. Sinon, dans la série « Cinéma Bis », il n’y a pas encore de nouveau volume en prévision – je ne veux surtout pas faire « Les 500 autres classiques » ! J’ai deux projets sur le feu, mais pour l’instant je les laisse un peu mûrir, d’autant que j’ai besoin de digérer plus d’un an d’écriture… en tout cas ce sera une autre approche sur le cinéma bis.

Merci Laurent Aknin d'avoir pris un peu de temps pour répondre à mes questions  et Frédéric Durand pour l'aide apportée.


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