14 novembre 2008
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Lire du Chuck Palahniuk, c'est s'exposer à une lecture certainement noire et dérangeante, toujours origniale. On pourrait comparer ça du saut en parachute. Une fois équipé, vous vous retrouvez face au vide, vous demandant ce que vous pouvez bien foutre là. Puis après quelques hésitations, vous sautez. Ca fait tout drôle les premières pages, et puis petit à petit vous vous rendez compte que l'expérience est grisante et que finalement vous seriez partant pour un nouveau tour.
Chuck Palahniuk est taré. Ou génial. Ou les deux. Je l'imagine parcourant les rubriques "faits divers" des journaux pour dégoter des histoires insensées que personne ne croirait vrai ou bien pour extrapoler vers l'absurde des situations à la base véridiques. Il doit fonctionner comme ça, le Chuck.
Donc "Choke" nous parle de Victor, un ancien médecin drogué de sexe, un sexoolique. Si Victor est comme ceci, c'est parce que sa manman est un peu frappée elle-aussi. Tout petit, elle n'arrêtait pas de l'abandonner à des familles d'accueil pour mieux le récupérer quelques mois après et soit-disant parfaire son éducation. Mais Victor, sa manman, elle le gonfle. Car elle est maintenant placée dans un hospice, où elle n'en finit pas de mourir. Non seulement elle ne reconnait pas sa progéniture, mais en plus les frais hospitaliers sont exhorbitants. Victor a donc trouvé deux solutions pour ce problème financier. Un : il travaille dans un village-musée touristique genre "découvrez le XVIIIème siècle" où le moindre anachronisme peut vous couter votre job. Deux : il se baffre dans des restaurants chics jusqu'à l'étouffement, comptant sur la bonté d'un "providentiel sauveur"... Et vous savez comment sont les gens, ils aiment savoir par la suite si tout va bien, si vous n'avez besoin de rien ou d'un petit chèque. Et Victor va décider de chercher à comprendre qui est son père.
Comme d'habitude avec Chuck Palahniuk, ça fourmille d'idées bizarres, tordues et absurdes, si bien que tout comme Fight Club (qu'il a écrit avant Choke), il est bien difficile de vous expliquer de quoi cause réellement Choke sans déflorer les surprises. On y retrouve la verve de l'auteur, son style noir très noir enrobé d'ironie féroce. On sourit, on grince des dents, on apprécit les tournures et idées distillées. Je craignais un roman bêtement trash à cause du pitch de départ (le sexoolique) et finalement si le roman contient bien quelques pages déconseillées aux mineurs, ça n'est pas du tout, mais alors pas du tout l'intérêt du roman tant la spirale initiée par le narrateur parait sans issue.
Je termine par une parenthèse destinée à l'éditeur, Folio, qui décidément a bien du mal à classer Palahniuk dans ses collections. Regardons de plus près : Fight Club est rangé dans la catégorie Science-Fiction. Hum. Choke dans la catégorie Policier. Re-Hum. Est-ce vraiment si difficile, M. Folio, de ranger Palahniuk dans la littérature contemporaine ?
Autre chose : pourquoi vous amusez-vous à créer de nouvelles jaquettes, lorsque les versions originales sont parfaitement dans le ton. Faisons un petit comparatif, si vous le voulez-bien.

Idem pour Survivant (Survivor) du même auteur, rebelote :

L'éditeur US se fait suer à pondre une couverture conceptuelle, et bam ! en France, on vire tout, on recommence en moins bien. Je ne dis pas que les couv' US sont plus belles, chacun ses goûts, mais pourquoi refaire ce qui a été si mûrement réfléchi ?
Pour en revenir à Choke, et conclure mon billet, je dirais que c'est à nouveau un roman fort de la part d'un auteur décidément bourré d'idées. Un roman riche qui vous laisse avec pas mal de questions et auxquelles on réfléchit bien après la dernière page tournée. Fort.
A noter que l'adaptation cinématographique doit sortir en France au mois de janvier. Croisons les doigts pour que ça ne soit pas un navet.
Les autres romans de Palahniuk chroniqués sur ce blog :
Peste (Rant)
A l'estomac (Haunted)
Fight Club