Joel Silver a produit tout au long de sa carrière quantité de films à succès, dont notamment les sagas de l'Arme Fatale, de Die Hard ou de Matrix (parmi les plus connues). C'est dire si l'homme a le nez fin. Et le voilà sur petit écran avec Veronica Mars, série au concept pour le moins casse-gueule.
Car comment renouveller (un peu) le principe des séries tv policières ? En le croisant avec un autre genre de série : la série pour ado. Donc Veronica Mars nous montre les aventures d'une étudiante américaine qui mène des enquêtes durant son temps libre. Et en toile de fond, elle recherche sa mère, disparu depuis quelques années. Présentée ainsi, Veronica Mars, ça n'a pas l'air bien terrible. Et pourtant...
Les auteurs ont décidé de traiter le côté « ado » de la série de manière sérieuse, sans prendre son public pour des abrutis. Le challenge est d'autant plus réussi que jamais les auteurs n'abandonnent les stéréotypes du genre. On retrouve ainsi le typique lycée américain, avec ses pom-pom girls, son journal, ses étudiants souffre-douleurs et d'autres plus riches.
Car deux populations fréquentent le lycée de Neptune : les étudiants lambda et les fils pourris gâtés de la bourgeoisie. Et mine de rien la série de glisser doucement vers la critique sociale. La jeunesse américaine nous est montrée comme terriblement enclavée, avec des couches de la société qui ne se croisent jamais, et qui pire s'opposent au moindre prétexte (l'épisode de l'élection du représentant des étudiants). Veronica n'est soutenue que par des personnages noirs ou typés : ça n'est pas la couleur de peau qui opposent les jeunes américains, mais bien le niveau social, et l'argent.
Et alors qu'on pouvait craindre un contraste trop manichéen (en gros : les riches, ils sont méchants et les pauvres, ils sont gentils), les scénaristes introduisent doucement des éléments qui créent une profondeur à la série. Certes, les « riches » branleurs du lycée ont plein d'argent, mais leurs relations familiales sont un désastre : à voir, la scène terrible où l'un d'eux est fouetté à coup de ceinture par son père star du cinéma.
Veronica Mars nous montre des jeunes qui se croisent, côtoient le même lieu (l'école) mais ne cohabitent jamais vraiment. Le dur constat d'une jeunesse américaine fermée, en somme.
Le choix de la voix off (les américains détestent généralement le principe) tout comme le gros travail sur les couleurs (tantôt acidulées, parfois verdâtres) ne cessent de nous rappeler que les auteurs ont choisi de livrer un travail de qualité. Alors certes, Veronica Mars ne nous raconte rien de vraiment nouveau, mais elle le fait de façon sérieuse.
EDIT du 11/01/08 : un autre article, plus destiné aux rôlistes, que j'ai trouvé sur le site Hugin & Mugin (fortement conseillé).